L’une des vedettes des sapins de Noël 2011 aura sans doute été la liseuse numérique. Le modèle Kindle, d’Amazon, a même pris la tête des ventes du géant américain, en décembre, aux USA, en Angleterre, en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie.
Si les liseuses électroniques se vendent désormais comme des petits pains, ce n’est pas seulement parce qu’elles ont été mises en vedette pour les Fêtes. Ces appareils, inventés au siècle dernier (1998), arrivent aussi à maturité technique, après bien des années d’errance, tandis que l’offre de livres numériques (ou e-books), longtemps rachitique, fait désormais bonne figure avec des dizaines de milliers d’ouvrages en français.
Concrètement, les liseuses de la dernière génération possèdent un écran à encre électronique, qui imite l’apparence d’une feuille imprimée et offre aux lecteurs une expérience proche de celle du livre papier. Ce système offre un bon confort de lecture, sans fatigue, contrairement aux tablettes rétro-éclairées, comme l’iPad. L’encre électronique étant fort peu gourmande en énergie, l’autonomie atteint plusieurs semaines. Les liseuses sont désormais légères, de 150 g à 250 g, faciles à utiliser, et pas trop chères (de 135 fr. à 230 fr.).
Formats incompatibles
Séduisant, le monde du livre électronique n’est toutefois pas parfait. Premier écueil, le choix de la liseuse, qui n’est pas sans conséquence. S’il existe de nombreux appareils, trois ou quatre se détachent du lot dans plusieurs comparatifs spécialisés: la Bookeen, choisie par Payot (229 fr.), la Kobo de la Fnac (159 fr.), la Kindle d’Amazon (environ 135 fr.) et, enfin la Sony PRS-T1 (dès 179 fr.).
Or, si vous achetez la Kindle, vous ne pourrez normalement lire que des ouvrages proposés sur Amazon, car le géant américain utilise son propre format numérique (AZW) qui n’est pas compatible avec celui usuel (ePub). Pour les bidouilleurs, certains sites proposent toutefois des logiciels de conversion...
Couacs en ligne
L’offre d’e-books s’est notablement étoffée avec des bibliothè ques en français comptant entre 40 000 et 80 000 ouvrages chez Amazon, Payot ou à la Fnac, mais l’achat sur des sites étrangers peut encore relever du parcours du combattant. Basé en France, Fnac.com, par exemple, refuse l’achat de livres numériques par des personnes établies en Suisse ou payant avec une carte de crédit helvétique. Le libraire affirme que la situation est appelée à changer prochainement et nous a renvoyés, en attendant, vers kobobooks.com, un site mal ficelé, partiellement en anglais où la plupart des ouvrages de notre comparatif de prix (voir tableau) ne sont même pas proposés. D’autres adresses étrangères, comme numilog.com, demandent de présélectionner son pays de résidence avant de passer commande. Ce choix détermine à la fois le catalogue disponible selon les droits territoriaux détenus par les éditeurs et le prix de vente.
Livres gratuits
En contrepartie de ces inconvénients, les liseuses ne sont pas dénuées d’avantages. Celui notamment de pouvoir télécharger gratuitement des milliers d’ouvrages de grands auteurs tombés dans le domaine public. Amazon.fr par exemple, propose plus de 4000 titres en français, gratuits. Autre atout: la possibilité de stocker des milliers de livres numériques sur un appareil de moins de 200 g, à peine plus grand qu’une plaque de chocolat. Une option appréciable lorsqu’on vit dans un petit appartement ou pour les déplacements et les vacances.
Sébastien Sautebin
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
COMPARAISON PAPIER-NUMÉRIQUE
E-books généralement moins chers
Certaines sources nous avaient affirmé que les livres numériques étaient de 10% à 30% meilleur marché que leurs version papier. Notre comparatif (voir tableau) montre des écarts plus importants, du moins lorsqu’on achète la version papier en Suisse. L’art français de la guerre, d’Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011, coûte par exemple entre 34.90 fr. et 38.90 fr. en version papier et 18.70 fr. en téléchargement, soit 46% moins cher.
En revanche, l’écart se réduit notablement si l’on achète les ouvra ges papier en France. Sur amazon.fr, à condition de faire un achat supérieur 20 € (frais de port offerts) et inférieur à 200 fr. (pas de frais de douane), L’art français de la guerre coûte 23.25 fr. Il faut souligner toutefois que l’e-book est parfois plus cher que certaines éditions du livre papier! C’est le cas notamment pour Cro-Magnon toi-même et L’ami de mon père.
COMPARAISON FRANCE-SUISSE
Les deux pays au coude à coude
Le constat peut surprendre. Contrairement aux livres classiques, les consommateurs français ne paient pas les e-books moins cher que les Suisses. Notre tableau montre que les prix sont souvent quasiment identiques entre sites français et suisses et même parfois plus chers en France. Cela, malgré l’abaissement de la TVA française sur les livres numériques de 19,6% à 7%, le 1er janvier 2012.
Un petit pointage sur des sites belges confirme d’ailleurs ce phénomène, puisque les montants y sont identiques ou très proches. Globalement, pour les e-books, les libraires suisses virtuels sont donc tout à fait concurrentiels par rapport à leurs homologues français. Néanmoins, des différences peuvent subsister entre vendeurs et être assez marquées: Brut, de Dalibor Frioux, est vendu 24.70 fr. sur payot.ch, 21.80 fr. sur fnac.ch et 18.45 fr. sur amazon.fr.