Acheter son salon au Comptoir ou dans toute autre foire devrait toujours faire l’objet d’une attention particulière. Les stands peuvent en effet être le théâtre de malentendus et de grandes désillusions.
L’histoire de Claudine Mollard montre qu’un simple détail glissé dans la discussion peut donner lieu à une affaire qui, de nombreux mois plus tard, peine à se résoudre. En septembre 2002 notre lectrice de Montagny-la-Ville se rend au Comptoir Suisse à Lausanne et se décide pour un salon proposé par la maison Meubles et Salons Design, à Saint-Julien-en-Genevois (F). Un des arguments qui a pesé dans sa décision: la possibilité d’avoir un canapé plus bas que le modèle standard.
Mais lorsque le meuble
est livré, Claudine Mollard s’aperçoit qu’il n’a pas la hauteur convenue. Assise, ses pieds ne touchent en effet pas le sol. Et, quelques semaines plus tard, c’est la fonction «relax» (repose-pieds dépliable) de ce canapé d’angle qui peine à fonctionner. Après plusieurs mois de courrier et de coups de fil au vendeur, notre lectrice est exaspérée. Car même si, entre-temps, le relax a été réparé, le salon est toujours trop haut pour elle.
Systèmes incompatibles
Renseignements pris auprès de la société Meubles et Salons Design, il s’avère qu’un abaissement du canapé n’est pas compatible avec un relax, lequel ne pourrait plus se déplier normalement et frotterait sur le sol. Roberto Veiras, directeur de la société, assure l’avoir expliqué à notre lectrice: «Je lui ai déjà fait une proposition, et la réitère aujourd’hui: nous sommes prêts à changer son canapé pour le même modèle, plus bas, mais sans le relax. Et cela gratuitement, et sans frais de douane ni de livraison pour elle.»
Si la situation paraît enfin s’éclaircir, il n’en reste pas moins que Claudine Mollard devra choisir entre le confort d’une hauteur d’assise adaptée et celui du repose-pieds. Or, elle ne se souvient pas qu’on lui ait signalé cette incompatibilité au moment de signer le contrat. Conclusion: il faut toujours ajouter ce qui a été dit par un vendeur si cela ne figure pas dans le contrat.
Le Comptoir veille
Michel Cuénoud, chef de projet du Comptoir Suisse, a suivi ce dossier. «Nous avons même, après avoir été contactés par la cliente, rédigé un courrier au vendeur. Mais il nous semblait que l’affaire était en voie d’être réglée.» Si elle ne l’est pas, la sanction peut être sévère: le Comptoir Suisse se réserve en effet le droit de refuser un exposant tant qu’un litige enregistré lors d’une précédente manifestation n’est pas résolu. Pour autant, bien entendu, que la direction en ait été informée…
Un exposant qui se serait rendu coupable d’un abus grave peut même se voir interdire définitivement l’accès au Comptoir Suisse et à toutes les expositions se trouvant sous la responsabilité de la société. «Nous exigeons une grande rigueur de la part de nos exposants, assure Michel Cuénoud, car en cas de problème, c’est l’image du Comptoir et de tout un secteur qui en souffre, bien avant celle du commerçant lui-même.»
Malgré les mesures prises par le Comptoir Suisse, notamment des contrôles réguliers pour éviter les techniques de vente trop agressives, il est impossible de contrôler les 800 commerces qui y participent chaque année. D’où la nécessité de prendre certaines précautions au moment de conclure un contrat, que ce soit au Comptoir Suisse ou dans n’importe quelle foire.
La Fédération romande des consommateurs (FRC) rappelle à ce propos qu’un contrat conclu dans le cadre d’une foire ne bénéficie pas du délai de réflexion habituel, qui permet de résilier une vente dans les sept jours après signature.
Manque de réflexion
Il faut donc prendre le temps de bien réfléchir avant de se décider. «Pourtant, c’est justement le manque de réflexion qui est souvent à l’origine des litiges, remarque Eliane Bornet, de la FRC. Peut-être parce que les gens ont payé un billet d’entrée et qu’ils veulent l’amortir. Mais c’est un mauvais calcul! Il faut d’abord faire le tour des stands, prendre toutes les informations utiles, et revenir une deuxième fois pour acheter en toute connaissance de cause.»
De même, lorsqu’un vendeur fait pression en jurant que le rabais proposé n’est valable que le jour même, la méfiance est de mise. D’autant que les réductions offertes ne sont pas toujours si mirobolantes que ça!
Enfin, il faut absolument vérifier point par point le contrat de vente, comme on le ferait dans n’importe quel magasin. Au moindre doute, sachant qu’il n’y aura pas moyen de revenir en arrière puisqu’il n’existe pas de délai de réflexion, il faut refuser de signer, même si le document porte le nom de «proposition» ou de «projet».
Reste le problème épineux des litiges que l’on rencontre avec des exposants étrangers. Afin de régler les éventuels problèmes avec des sociétés françaises, en collaboration avec la Maison Transfrontalière, la FRC a d’ailleurs ouvert une antenne à Anne-
masse (F).
Jacqueline Favez