«Un bancomat, c’est simple comme bonjour!» lâche Alvaro Piano, le responsable clientèle individuelle de la Banque Cantonale Neuchâteloise (BCN). En effet, la borne renferme – hormis beaucoup de fils électriques – un logiciel dans sa partie supérieure, tandis que la partie inférieure se résume à un gros coffre-fort. Celui-ci peut contenir près d’un demi-million de francs: juste de quoi satisfaire la demande pendant dix jours, sachant que 150 prélèvements sont effectués quotidiennement, à raison de 300 fr. en moyenne par retrait. Bien entendu, le nombre de prélèvements varie selon l’emplacement et la période de l’année.
Partie supérieure
Le client tape son code de quatre positions au moins, six au plus, après avoir introduit la carte. Si l’opération a lieu sur un appareil de sa banque, il peut consulter le solde de son compte. Dans le cas contraire, la machine interroge Telekurs (la société en charge du trafic des paiements: lire encadré) pour savoir combien le client peut prélever d’argent, compte tenu de sa limite. Le papier sert à imprimer la quittance. Auparavant, les transactions étaient enregistrées sur un deuxième rouleau, appelé «journal». Celui-ci a été remplacé par une liste électronique, qu’Alvaro Piano peut consulter directement de son bureau.
Les cartes endommagées, oubliées ou non reconnues par le système finissent dans la case des rejets, tandis que la machine mémorise la date, l’heure et le motif du rejet. Sur la base de ces informations, la banque peut ensuite retrouver le client.
Mais pas question de mettre ses doigts dans le mécanisme comme on le ferait dans un moteur. Toute commande (mise hors service, contrôle de l’ouverture, chargement) doit, au préalable, être entrée par le préposé au bancomat, grâce au clavier qui se trouve au-dessus de l’écran.
Partie inférieure
Dans la partie inférieure, on distingue cinq cassettes: celle du bas contient des euros, les trois suivantes des francs suisses de différentes coupures. L’argent monte par le chariot situé derrière le dispositif. La cassette supérieure est prévue pour récupérer les billets bloqués durant le transport ou oubliés par un client 9. Elle tolère deux oublis de billets, après quoi la machine se bloque. Alvaro Piano est alerté par un témoin lumineux sur son ordinateur, à partir duquel il surveille la bonne marche de l’ensemble des appareils du canton.
Tous les distributeurs sont connectés au central de l’entreprise de surveillance Securitas, en plus d’être placés en permanence sous l’œil de la caméra. La BCN alimente elle-même les bancomats des sites où elle entretient une agence. Pour ceux situés hors site, elle a recours aux services d’une société spécialisée, qui envoie deux collaborateurs dans un fourgon blindé pour charger les cassettes pendant la journée.
Demande croissante
Les banques ne craignent-elles pas, à terme, la concurrence des paiements par téléphone mobile? «Pas du tout, répond Patrice Humpal, le chef de caisse. Les clients continuent à retirer des espèces au bancomat, alors qu’ils pourraient payer avec la même carte dans les magasins. Et l’argent qu’ils dépensent est ensuite déposé chez nous par les commerçants!» Bien que les moyens de paiement se multiplient, les prélèvements aux distributeurs augmentent donc régulièrement.
Massimo Oberti
Les Suisses aiment leurs bancomats
L’an dernier, Telekurs a enregistré en Suisse 150 millions de retraits, sur 6000 automates environ (postomats compris). Il faut ajouter à ce chiffre tous ceux traités par les banques elles-mêmes. Ainsi, la BCN, qui possède 49 appareils dans le canton, a totalisé, en 2008, 2,1 millions de prélèvements en francs (représentant 898 millions) et 11 000 prélèvements en euros (2,2 millions de francs).
On comprend mieux pourquoi les établissements financiers ne rechignent pas à investir près de 80 000 fr. pour une borne, utilisable huit à dix ans et amortie en trois ans.