Les sprays d'autodéfense vendus sans autorisation de police en Suisse contiennent de l'oleorum capsicum (OC) ou ses variantes PAVA et capsaïcine. Il s'agit tout simplement d'extraits de capsicum, une substance irritante qu'on trouve dans le paprika, les piments ou le poivre de Cayenne, d'où le fameux surnom de «sprays au poivre».
Il en va différemment des corps de police qui recourent de leur côté deux substances irritantes CN et CS soit de l'o-chlorobenzilidène-malononitrile (CS) et du chloracétophénone (CN).
Effet irritant voulu
Ces diverses substances ont un effet irritant voulu au niveau des yeux, de la peau et du système respiratoire. En règle générale, les symptômes disparaissent en une demi-heure. Ils peuvent durer plus longtemps en cas de concentration élevée, mais ont rarement un caractère permanent. Toutes piquent les yeux de manière intense et provoquent des larmes, ce qui empêche provisoirement de lutter. Sur la peau, elles provoquent des démangeaisons, des brûlures et des rougeurs et sont responsables de démangeaisons, d'excrétions et de brûlures dans l'appareil respiratoire. Toux et éternuements s'ensuivent.
Effets indésirables lors de l'utilisation
De fortes concentrations, en particulier de CN, peuvent causer des troubles aux yeux allant jusqu'à provoquer des modifications permanentes de la cornée comme des abcès avec formation de cicatrices, des cataractes ou de la revascularisation.
Sur la peau, des concentrations élevées, notamment de CN et de CS sont susceptibles de provoquer des enflures ou la formation d'ampoules. Le CS et le CN peuvent aussi occasionner une allergie de contact chez les personnes sensibles.
Dans les poumons, lors de doses élevées, on observe de l'eau, des saignements et des congestions. Des concentrations élevées ou un séjour de longue durée dans un endroit rempli de substances irritantes peut provoquer des nausées et des vomissements ainsi qu'une sensation d'étouffement dans la poitrine et des effets psychologiques comme la peur ou la panique peuvent se produire. Une bronchite ou un asthme existants peuvent empirer.
Autres effets toxiques
Les données à disposition divergent selon les substances. Le CS et le CN ont été bien étudiés. Les données sont plus lacunaires concernant l'OC et la PAVA.
Les expérimentations animales au cours desquelles la substance testée a été diffusée une fois dans l'air ambiant ont montré que la toxicité est moins importante pour l'OC que pour le CS et le CN.
En répétant la diffusion de CN, CS ou d'OC, des effets ont pu être constatés dans les expérimentations animales. On a observé le plus souvent des modifications des tissus au niveau du foie, des inflammations dans les poumons et dans l'appareil respiratoire supérieur. Une détérioration des tissus des reins a été relatée plus rarement. Globalement, l'OC a fait moins de dégâts que le CN.
Un effet qui affecterait le patrimoine génétique a pu être nié pour le CS et la PAVA. Pour l'OC et le CN, les résultats étaient contradictoires.
Aucun effet cancérogène n'a été observé pour le CS. Pour le CN et l'OC, les résultats de l'expérimentation animale étaient contradictoires de sort qu'aucune conclusion pour l'être humain n'a pu être clairement tirée. Il est possible que l'OC provoque le développement de tumeurs existantes. Des études sur des personnes consommant beaucoup de piments le laissent présager. Le fait que des tumeurs de l'estomac arrivent plus fréquemment chez ces personnes pourrait cependant être indirectement attribué à l'effet irritant continuel.
Evaluation des substances irritantes
L'effet irritant du CS et du CN résulte d'un effet cytopathogène non spécifique direct qui peut, selon la concentration, entraîner des réactions inflammatoires et la mort de la cellule. Au contraire, le mécanisme d'action de l'OC et de la PAVA, qui se base sur une irritation spécifique des nerfs, se traduit par des sensations douloureuses.
L'OC et la PAVA montrent une faible toxicité après une administration unique. Toutefois, les analyses toxicologiques sont encore lacunaires. Pour l'OC, on dispose d'une certaine expérience humaine car il s'agit d'une substance naturelle qui est consommée comme épice dans l'alimentation.
La sécurité d'une substance se mesure au rapport entre la concentration qui provoque un effet toxique indésirable et la concentration qui entraîne l'effet irritant souhaité. Ce rapport est nommé facteur de sécurité. Là, le CS est considérablement plus sûr que le CN. Le CN présente les propriétés toxicologiques les plus défavorables. Cela se traduit dans la pratique puisque le CN est rarement utilisé.
N'achetez pas de sprays à l'étranger!
L'usage des sprays est réglementé selon la substance irritante utilisée. Les sprays contenant de l'OC ou PAVA sont vendus aux personnes majeures sans qu'il y ait besoin d'un permis d'acquisition.
Par contre, l'art. 3 de l'ordonnance sur les armes considère les produits vaporisés pour l'autodéfense comme des armes lorsqu'ils contiennent du CS, du CN du CR (dibenz-oxazépine) ou du CA (cyanure de brome-benzile). Un permis d'acquisition d'armes est dès lors nécessaire pour acheter, porter, faire le commerce ou importer ces produits de défense lacrymogènes. Ces restrictions s'appliquent également aux produits contenant les substances CN, CS, CR et CA que l'on peut acheter à l'étranger ou commander par internet. Si vous revenez par exemple de France avec un spray CS d'autodéfense, soyez bien conscients que vous enfreignez la Loi suisse sur les armes en franchissant la frontière.
Toutes les informations fournies ici proviennent de la fiche d'information sprays d'autodéfense (décembre 2006) rédigée par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).