Tout le monde l’a remarqué: McDonald’s veut faire oublier son image de «faiseur d’obèses». Le géant de la restauration rapide vient encore de publier une brochure faisant la promotion d’une vie saine: alimentation équilibrée et activité physique. Et, depuis une année, il imprime un «tableau des valeurs nutritives» (indiquant la quantité de lipides, glucides et protéines par portion) directement au dos des sets en papier qui tapissent les plateaux-repas.
Bien. Cependant, le chef du service de santé des écoles de Lausanne, le Dr Virgile Woringer, a fait part d’un certain étonnement à la rédaction de Bon à Savoir. Il a en effet constaté que ce tableau des valeurs nutritives se révèle bien lacunaire: «Après avoir découvert son contenu, raconte-t-il, je me suis encore rendu sur le site web de la chaîne de restaurants. Un très beau site, plein de conseils, dont la plupart très bons. Mais, sur papier comme sur l’internet, une information fait cruellement défaut: la valeur réelle en kilocalories (ndlr.: ou kcal, aussi appelées vulgairement calories), de chaque aliment.»
Explication: pour chaque mets proposé par McDonald’s, il est indiqué la quantité des nutriments en grammes. Le hic, c’est qu’un gramme de lipides équivaut à 9 kcal, contre 4 kcal pour un gramme de protéines ou de glucides (voir tableau)! Du coup, si un Big Mac contient moins de lipides que de glucides et de protéines, un rapide calcul montre que ces lipides représentent, en fait, près de la moitié (45,2%) des calories présentes dans ce hamburger.
Loi tout aussi lacunaire
Un repas équilibré (McDonald’s l’indique d’ailleurs sur son propre site internet) devrait être composé, pour ce qui est des nutriments, de 10 à 15% de protéines, de 55 à 60% de glucides et de 25 à 30% de lipides. Nos calculs montrent qu’aucun plat servi dans le fast-food n’entre dans ces normes. La chaîne de restaurants cacherait-elle volontairement les résultats de ce calcul?
«Non», rétorque-t-on chez McDonald’s: «Nous sommes le seul restaurant à indiquer ces valeurs nutritives, car la loi ne l’impose pas. Cette transparence est un plus pour nous», explique Pierre-François Serex, directeur de l’assurance qualité pour la Suisse.
Joël Margueron, consultant en assurance qualité de l’entreprise, ajoute que «les valeurs nutritives étaient d’abord indiquées pour un repas de 100 grammes. A la demande de la Société suisse de nutrition, nous avons modifié cette donnée et affichons désormais les valeurs par portion, ce qui est plus représentatif de ce qu’on mange réellement.»
Pourquoi alors ne pas indiquer les combinaisons de nutriments en pourcent? «Plus il y a de chiffres, plus les données sont difficiles à comprendre. De toute façon, une personne soucieuse de son poids devrait connaître les valeurs caloriques des nutriments.» En clair, il faut être nutritionniste ou champion de mathématiques pour connaître tous les chiffres! A moins d’emporter au restaurant sa machine à calculer.
Joël Margueron ajoute: «Notre tableau est, par ailleurs, entièrement conforme à l’Ordonnance sur la valeur nutritive (Onutr).» C’est vrai: l’Onutr impose des règles strictes pour quiconque souhaite afficher la quantité de nutriments présents dans un produit, mais seule l’indication en grammes des protéines, glucides et lipides est obligatoire. Un minimum légal qui peut induire le public en erreur. D’ailleurs, se fier au volume des aliments, et non à leur richesse en calories, est considéré comme une des erreurs les plus fréquentes par Anne Noël et François Triby, auteurs de l’ouvrage «La diététique au quotidien».
Manger équilibré
Rien ne sert toutefois de bannir les repas chez McDonald’s: l’essentiel est d’équilibrer son alimentation sur le long terme. Le dossier Bien manger (lire encadré) donne quelques conseils pour les amateurs de fast-food:
> remplacer la portion de frites par une salade;
> remplacer le soda par un milk-shake, pour le calcium;
> prendre un fruit;
> compenser les carences d’un tel menu avec les autres repas de la journée (légumes, crudités et produits laitiers).
L’équilibre alimentaire est essentiel, car si les excès de protéines, glucides et lipides sont à éviter, il faut également se méfier des carences, tout aussi néfastes!
Yves-Alain Cornu
bon à lire
L’alimentation en dix chapitres
Bien manger n’est pas une mince affaire! Doris Favre, diététicienne diplômée et auteur de notre dossier Bien manger, propose donc, après quelques rappels fondamentaux, d’explorer l’alimentation groupe par groupe (produits laitiers, fruits et légumes, viande, etc.), donnant des informations utiles pour bien se nourrir, tant sur le plan pratique que diététique. Un ouvrage qui peut aider à changer ses habitudes alimentaires, sans trop d’efforts ni d’argent.
Commande en page 28.
