Les cadeaux empoisonnés du recyclage électrique
Sommaire
Bon à Savoir 02-2000
16.02.2000
Dernière mise à jour:
07.02.2023
François Marthaler
L’ordonnance fédérale entrée en vigueur le
1er juillet 1998 (OREA) oblige les consommateurs à rapporter les appareils électriques et électroniques usagés aux commerces, qui sont tenus de les reprendre pour les éliminer convenablement.
A priori, les brocantes et autres commerces d’occasion sont soumis au même devoir. Or, comme la prise en charge d’un vieux téléviseur coûte entre 35 et 50 fr. selon les magasins, le consommateur aura tendance à l’«offrir» à un...
L’ordonnance fédérale entrée en vigueur le
1er juillet 1998 (OREA) oblige les consommateurs à rapporter les appareils électriques et électroniques usagés aux commerces, qui sont tenus de les reprendre pour les éliminer convenablement.
A priori, les brocantes et autres commerces d’occasion sont soumis au même devoir. Or, comme la prise en charge d’un vieux téléviseur coûte entre 35 et 50 fr. selon les magasins, le consommateur aura tendance à l’«offrir» à une institution comme le Centre social protestant ou les Compagnons d’Emmaüs. Obligés de l’accepter, puisqu’ils sont considérés comme mettant sur le marché des produits visés par l’ordonnance, les commerces d’occasion sont aussi tenus d’éliminer ce qui n’est pas réutilisable dans les règles de l’art et au prix fort (environ 1500 fr./tonne).
Pas besoin de savoir calculer pour comprendre qu’à brève échéance, ces mêmes institutions vont devoir encaisser à l’entrée une taxe d’élimination suffisamment élevée pour couvrir ces charges nouvelles d’élimination. Et, comme il n’est pas possible de juger au premier coup d’œil si un appareil est fonctionnel, réparable ou tout simplement vendable, cette taxe sera systématiquement exigée pour éviter au commerçant de se muer en décharge des temps modernes.
Payer de toute façon
Les ateliers de réparation se trouvent dans une situation comparable, avec sur les bras des montagnes d’appareils irréparables, dont les propriétaires seront peu enclins à payer une taxe de recyclage s’ils n’ont pas laissé une certaine somme en dépôt. C’est pourquoi La Bonne Combine, par exemple, a décidé d’encaisser systématiquement une avance sur réparation. Sachant que certains composants ou appareils seront finalement récupérés et que tout ne devra pas être éliminé, le montant de ce dépôt est en moyenne inférieur aux tarifs usuels. Quant aux nombreux «cadeaux» qu’elle reçoit journellement, ils sont dorénavant soumis à cette même tarification. Le montant n’est pas restitué si l’appareil trouve acquéreur, mais le nouveau propriétaire de l’objet pourra alors se défaire gratuitement d’un appareil usagé équivalent.
Une façon de faire que les «généreux donateurs» ne comprennent pas toujours. Le risque existe donc, pour les commerces d’occasion, de voir leur source d’approvisionnement se tarir. Ce cercle vicieux débouche sur un accroissement du gaspillage contraire à l’esprit même de l’ordonnance. La seule façon d’en sortir consiste à percevoir une taxe sur la vente des produits neufs pour financer l’élimination de tout vieil appareil, sans frais ni conditions pour le dernier détenteur.
La SWICO, qui regroupe les fabricants et importateurs de matériel informatique et électronique de bureau, a fait la preuve qu’un tel système peut fonctionner. Ainsi, tout atelier qui répare ou maga-
sin qui vend — ne serait-
ce qu’occasionnellement — des produits de ce domaine peut accepter sans risque tout ce qui lui est confié, trier ce qui mérite d’être conservé et faire enlever le reste gratuitement tout en ayant la garantie que ces déchets seront traités (recyclés) de manière tout à fait conforme.
François Marthaler
(*) La Bonne Combine
Réparations en tous genres
4, rte de Renens – 1008 Prilly