Elle n’est jamais agréable. Pourtant la toux, sous sa forme bénigne, est un mal nécessaire, un réflexe vital qui permet à notre organisme d’expulser les sécrétions bronchiques anormales et les corps étrangers irritant ou obstruant les voies respiratoires. On estime qu’environ 90% des toux aiguës sont provoquées par des virus du refroidissement. Dans ce cas, la toux passe généralement par deux phases. Elle est d’abord sèche. C’est alors une toux pénible, fatigante, qui dure quelques jours et survient fréquemment la nuit. Elle ne provoque pas d’expectorations et traduit une irritation des voies respiratoires. La toux devient ensuite grasse et se caractérise alors par une sécrétion excessive de mucus, visant à évacuer les virus. Il s’agit d’une réaction naturelle de l’organisme.
Conseils du spécialiste
Le type de sirop à utiliser varie selon le type de toux. Comme le montre notre tableau (ci-dessous), certains sirops sont destinés aux toux sèches. Leurs substances actives – dextrométhorphane, butamirate, etc. – ont une action inhibitrice sur le centre excitateur de la toux situé dans le bulbe rachidien, à la jonction du cerveau et de la moelle épinière. Or ces substances antitussives, indiquées contre les toux sèches, ne conviennent pas contre les toux grasses, car il faut alors faciliter l’expectoration des sécrétions bronchiques plutôt que d’empêcher la toux. Avec un antitussif, on court donc le risque de provoquer un encombrement de l’arbre bronchique, pouvant provoquer une insuffisance respiratoire. Il faut en être conscient si l’on utilise de son propre chef un sirop retrouvé dans une armoire, ou si l’on a acheté un produit sans avoir été conseillé. «Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont influencées par la publicité et demandent au pharmacien un produit qu’ils ont vu à la télé, sans savoir vraiment s’il est adapté à leur situation», constate Christa Calpini, pharmacienne à Chexbres (VD).
A moins d’être parfaitement sûr d’acheter le bon sirop, il faut donc impérativement demander conseil au pharmacien. Cette précaution est d’autant plus importante si l’on est enceinte, lorsqu’on allaite ou lorsqu’on prend d’autres médicaments, afin d’éviter des interactions fâcheuses.
Efficaces les sirops?
En Suisse, il existe une septantaine de marques de sirops. Nous en avons sélectionné seize, à titre d’exemple, parmi les plus vendus. Certains luttent contre la toux sèche, d’autres s’attaquent à la toux grasse. Ces derniers contiennent des principes actifs qui visent à éliminer les sécrétions visqueuses en stimulant l’expectoration, ainsi que des fluidifiants destinés à diminuer la viscosité du mucus, facilitant ainsi son expectoration. D’autres sirops enfin ne contiennent pas un seul principe actif mais proposent des combinaisons qui sont censées, par exemple, «calmer les accès de toux, supprimer le spasme et atténuer la congestion des bronches, contribuer à faciliter l’expectoration et rendent la respiration plus aisée».
L’efficacité réelle de ces différents sirops est délicate à évaluer globalement car elle peut, de même que leurs effets secondaires, varier d’un individu à l’autre.
Effets secondaires
Les sirops contre la toux sont susceptibles de provoquer divers effets secondaires. Il est donc essentiel de bien lire la notice d’emballage. A titre d’exemple, la codéine peut provoquer de l’accoutumance, de la constipation, des nausées, des vertiges, des vomissements, une sécheresse de la bouche ou même de la détresse respiratoire. Elle est contre-indiquée en cas d’asthme et on se rappellera, si l’on doit conduire, qu’elle peut provoquer des somnolences. Le dextrométhorphane, qui est un dérivé morphinique, peut quant à lui provoquer des troubles digestifs, de la somnolence, des vertiges, des troubles respiratoires ou des troubles de la mémoire.
Quelques conseils
- Si vous utilisez un sirop contenant du sucre, n’oubliez pas de vous brosser les dents après chaque prise.
- Ne conservez pas plus de six mois un sirop ouvert et gardez-le de préférence au frigo.
- Ne jetez pas vos vieux sirops dans l’évier. Rapportez-les à votre pharmacien, vous préserverez l’environnement.
- N’oubliez pas que la toux n’est pas obligatoirement bénigne. Si elle persévère ou si vous présentez des symptômes suspects, par exemple de violents maux de tête ou de fortes fièvres, consultez un médecin.
Sébastien Sautebin
Pour télécharger le tableau comparatif des produits, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.