Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’enquête menée par Bon à Savoir et l’émission On en Parle (RSR, La Première) a fait réagir. Nous avions révélé qu’une partie du diesel vendu en Suisse romande était contaminée par de l’essence, avec le risque d’endommager, à terme, les moteurs (lire BàS 04/10*).
La plupart des distributeurs ont intensifié les contrôles et cessé la livraison des stations-service par des camions compartimentés, notamment chez Jubin Frères, qui avait obtenu les moins bons résultats. Ces camions, qui permettent de transporter simultanément une cargaison de diesel et d’essence, constituent le principal risque de mélange.
Enquête au Tessin
Peu après, l’émission des consommateurs Patti Chiari (RSI La1) a réalisé des analyses similaires au Tessin. Résultats réjouissants: à une exception près, tous les échantillons étaient au-dessus de la norme minimale. Et de loin! La moyenne des prélèvements se situait à 62.45° C de point d’éclair, contre 52.75° C en Suisse romande (le minimum étant fixé à 55° C)*.
Face à l’étonnement des spécialistes, les compagnies pétrolières se sont contentées de se féliciter des bons résultats, qualifiant, pour certains, notre enquête de «cas isolé».
Aucun mérite
Guère convaincus, nous avons demandé des précisions aux compagnies. Et, manque de chance, l’une d’entre elles a vendu la mèche: si la norme était si allégrement respectée au Tessin, le mérite revient uniquement au fait que «cette région est ravitaillée par l’Italie, dont les raffineries travaillent avec un point d’éclair supérieur à 60° C»!
Difficile toutefois de tirer toute cette affaire au clair, d’autant que les analyses réalisées régulièrement par les compagnies elles-mêmes, et transmises – à bien plaire – à l’Office fédéral de l’environnement, n’ont pas pu nous être remises. En cause: l’industrie pétrolière, qui a interdit à l’Office fédéral de nous les communiquer…
Yves-Alain Cornu
BONUS WEB: Détails de l’enquête