Le Xenical perd du poids
Le médicament contre l’obésité a bénéficié d’une large publicité. Mais un an après son lancement, les patients découvrent que le miracle n’existe pas.
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Bon à Savoir 11-2000
08.11.2000
Ellen Weigand
Fin octobre, les caisses maladie ont gagné la première manche de leur bataille contre le remboursement du Xenical, nouveau médicament contre l’obésité. La commission de recours en matière de spécialités a en effet jugé que ce remède n’avait pas à être pris en charge par l’assurance obligatoire des soins.
Maintenant, la balle est dans le camp de Roche, fabricant de la pilule bleue, qui fera probablement recours contre cette décision. Car après un départ fulgurant aux ...
Fin octobre, les caisses maladie ont gagné la première manche de leur bataille contre le remboursement du Xenical, nouveau médicament contre l’obésité. La commission de recours en matière de spécialités a en effet jugé que ce remède n’avait pas à être pris en charge par l’assurance obligatoire des soins.
Maintenant, la balle est dans le camp de Roche, fabricant de la pilule bleue, qui fera probablement recours contre cette décision. Car après un départ fulgurant aux Etats-Unis, où la pilule est vendue depuis avril 1999, et un chiffre d’affaires mondial de 940 millions de francs, les ventes du Xenical sont en pleine régression. Ce qui ne va guère s’arranger si, en plus, les patients doivent payer le médicament de leur poche.
Patients déçus
Du côté des experts, on ne s’étonne guère de cette évolution: «En général, les médicaments dits de confort se vendent très bien dans un premier temps, puis les ventes régressent», commente Meinrad Gyr, analyste financier à la Banque Cantonale de Zurich. Cela peut se comprendre: les statistiques nous apprenent en effet que, après un an de traitement coûteux, les patients utilisant le Xenical n’ont perdu que 10% de leur poids.
Roche veut donc réviser sa stratégie publicitaire. Selon la porte-parole de l’entreprise bâloise, Jacqueline Wallach, les personnes souffrant d’obésité doivent être davantage incitées à combiner la pilule antiobésité avec d’autres thérapies. Dont le sport et une alimentation moins riche en graisses... «Nous allons aussi mettre l’accent sur les effets positifs du médicament pour des patients obèses également atteints de diabète du type 2 ou de problèmes cardio-vasculaires», précise la porte-parole.
Médecin convaincu
Un développement que les experts financiers accueillent avec scepticisme: «Le déplacement du médicament de confort vers un remède ordinaire n’est pas si simple, estime Meinrad Gyr. Et il faut convaincre le monde médical de son utilité.»
Le monde médical compte aussi des défenseurs de la pilule antiobésité. Dans une interview au journal Le Temps (23.10.2000), le docteur Alain Golay, spécialiste genevois de l’obésité, parle de «scandale» lorsqu’il commente la décision de la commission fédérale de recours. Selon son expérience, la prise en charge de ce médicament va bien sûr augmenter les coûts de la santé dans un premier temps, mais à plus long terme, il les diminue-ra. Et de rappeler que 20% du budget de la santé sont consacrés aux problèmes de poids!