Le malentendu sera sans doute levé dans quelques années, lorsque les professionnels de la santé des pieds s’appelleront officiellement des podologues dans toute la Suisse romande, à l’instar de leurs collègues français. Mais en attendant que cette terminologie soit entrée dans les lois et dans les mœurs, les podologues continuent de se battrent pour protéger le nom de pédicures-podologues. Et ils ne sont pas seuls dans cette lutte, puisque les autorités cantonales de la santé publique traquent elles aussi les «fausses» pédicures, qui ne sont pas au bénéfice d’une autorisation de pratiquer.
Autorisation
Mais qu’est-ce qu’une «vraie» pédicure-podologue (rarement «un» pédicure)? Elle est au bénéfice d’une formation paramédicale de trois ans (en général à Genève), lui permettant de traiter en profondeur différents problèmes à l’aide d’outils parfois coupants: cors, durillons, ongles incarnés. Elle confectionne également des supports plantaires et maîtrise des techniques de corrections d’ongles (incarnés, déformés), en tenant compte des risques encourus par certains patients (diabétiques, personnes âgées). Autant de gestes complexes, pouvant mettre en danger la santé des patients lorsqu’ils ne sont pas correctement accomplis.
Dans le souci de préserver la santé publique, les cantons ont par conséquent soumis cette profession à une autorisation de pratiquer.
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Parallèlement, ils interpellent les fausses pédicures, celles qui usurpent le titre après avoir suivi quelques jours de «formation» leur permettant tout juste de râper des callosités ou de limer des ongles. «Nous expliquons à ces personnes que le nom de pédicure est protégé, explique Jean-Maurice Guinand, adjoint au Service de la santé publique de Neuchâtel, mais nous veillons surtout à ce qu’elles n’outrepassent pas leurs compétences et qu’elles renoncent aux outils tranchants. Car des actes mal réalisés peuvent avoir de graves conséquences, en particulier chez les personnes avec une sensibilité diminuée, comme certains diabétiques.»
Reconnue par les cantons, la profession de pédicure ne l’est pas par la Loi fédérale sur l’assurance maladie. Autrement dit: l’assurance de base ne prend aucun traitement en charge, même en cas de collaboration avec un médecin. Une situation mal vécue par les pédicures, qui estiment que leurs soins relèvent largement de la santé. Certaines assurances complémentaires entrent cependant en matière.
A l’instar des autres professions paramédicales, les pédicures-podologues ne peuvent pas faire de publicité. Elles peuvent seulement annoncer l’ouverture de leur cabinet, ainsi que des actions spéciales de leur association, telle qu’une journée portes ouvertes. Quant aux personnes non autorisées à exercer, elles peuvent faire de la publicité pour leurs compétences en matière de «beauté des pieds», ou de manucure, un titre non protégé. Il appartient au client, par conséquent de poser les bonnes questions pour savoir à qui il a affaire (lire l’encadré ci-contre).
Suzanne Pasquier
poser les bonnes questions
Reconnaître un professionnel
Des cors, durillons ou ongles incarnés douloureux? Jennifer Maré, présidente de l’Union suisse romande des pédicures-polologues, explique les points à vérifier avant de commencer un traitement.
• Ne pas se fier à la publicité (hormis les annonces d’ouverture de cabinet ou de journées portes ouvertes), puisque les pédicures n’ont pas le droit d’en faire.
• S’assurer que la pédicure en est bien une, c’est-à-dire qu’elle dispose d’une autorisation de pratiquer. On peut d’ailleurs obtenir les listes des pédicures auprès des Services cantonaux de la santé publique.
• Vérifier que la pédicure utilise des instruments stériles, conservés dans des sachets hermétiques.
• Les personnes âgées, malades ou diabétiques ont droit à un test de sensibilité préalable.
• Demander à consulter les tarifs. Pour un soin complet (coupe et limage d’ongles, traitement des callosités, durillons et cors), il faut compter entre 85 et 100 fr.
• Après le traitement, réclamer des conseils de chaussures: car remettre les mêmes «pompes», c’est évidemment risquer de voir ressurgir les mêmes problèmes.