Difficile de trouver un point commun entre une machine à café et un fer à repasser. Et pourtant, ce sont deux appareils qui fonctionnent tous les deux avec de l’eau. Une particularité qui serait, somme toute, banale si ses propriétés chimiques n’avaient pas autant d’influence sur leur durée de vie.
Transparence de la teneur
En Suisse, l’eau desservie par le réseau provient de sources (40%), de nappes phréatiques (40%) et de lacs (20%). Or, sa composition naturelle peut fortement varier d’une région à l’autre. Comme les distributeurs d’eau potable ont l’obligation d’informer les consommateurs sur sa qualité, on peut facilement connaître sa teneur en calcium, en magnésium, en sodium, en chlorure, en sulfates ou en nitrates. Bien souvent, ces valeurs sont indiquées une fois par année dans les factures d’eau ou d’électricité.
S’il est un élément qu’on pointe souvent du doigt, c’est bien le calcaire. Au point d’avoir bâti le succès commercial de certains produits (lire encadré). Il est vrai que, lorsqu’il est trop abondant – on parle alors d’eau dure –, il perturbe le fonctionnement des appareils ménagers en les entartrant. Généralement mesurée en degrés français (°f), la dureté de l’eau représente la proportion de calcium (composant du calcaire) renfermée dans un litre. Ainsi, un degré français équivaut à 4 mg de calcium par litre. En deçà de 15°f, on dit que l’eau est douce. Elle devient dure à 20°f et très dure lorsqu’elle dépasse le seuil de 25°f.
Problème dès 60°C
A l’état pur, l’eau ne peut dissoudre le calcaire. Mais, au cours de son cheminement naturel, elle interagit avec le gaz carbonique contenu dans l’air ou le sol pour former de l’acide carbonique dilué. Ainsi acidifiée, elle pourra désagréger le calcaire contenu dans les roches qu’elle rencontrera sur son chemin.
Lorsqu’il est dissous, le calcaire ne pose pas de problème aux appareils. Mais, lorsque l’eau est chauffée au-dessus de 60°C, elle libère une grande partie de son gaz carbonique, diminuant ainsi sa capacité à dissoudre le calcaire. Celui-ci va donc précipiter sous forme de tartre dans l’appareil entraînant des baisses de performances, puis, à long terme, une panne. Les chaudières, les électrovannes, les robinets et les étroits conduits sont les pièces les plus sensibles au phénomène.
C’est pourquoi on conseille de prévenir l’entartrage des appareils ménagers en utilisant de l’eau adoucie, lorsque celle du réseau a une dureté supérieure à 15°f. Un fer à repasser utilisé trois à quatre heures par semaine consomme une vingtaine de litres par an. Ce petit volume permet d’envisager l’utilisation d’un mélange pour un prix raisonnable. En ajoutant trois doses d’eau déminéralisée à chaque dose d’eau du robinet, on divise la dureté par quatre pour un coût annuel d’une dizaine de francs.
Pas trop douce non plus
Une alternative consiste à utiliser des cartouches filtrantes (genre carafe Brita). En dernier lieu, on peut également récupérer l’eau de condensation de son sèche-linge qui, après filtration et adjonction d’un peu d’eau dure, conviendra aussi pour remplir son fer à repasser.
Une machine à café nécessite plus d’une centaine de litres par an pour produire cinq cafés par jour. Dans ce cas, l’utilisation d’une cartouche filtrante est la meilleure solution. D’autant plus qu’il est souvent possible de l’installer dans la machine ou d’en adapter une au réservoir. Il faut toutefois veiller à son remplacement régulier, sous peine d’inefficacité.
Dans tous les cas, il est déconseillé d’utiliser de l’eau adoucie pure, car elle est corrosive. Et elle ne permet pas aux systèmes électroniques de détection de niveau de nombreux appareils de fonctionner correctement.
Christophe Inaebnit
ÉCLAIRAGE
Les agents anticalcaires sont inutiles
Il n’y a pas que les petits appareils ménagers qui subissent les effets du calcaire. Les plus gros y sont également sensibles. C’est pour cette raison que les lave-vaisselle ont un système d’adoucissement de l’eau courante qui fonctionne avec du sel régénérant. D’où l’importance d’en rajouter dès qu’il en manque. Pour les lave-linge, les fabricants de poudre anticalcaire – Calgon en tête – ont fait leur beurre avec des publicités effrayant les consommateurs qui auraient le malheur de ne pas utiliser leurs produits. Mais, comme le constatent les professionnels de la branche, les pannes dues au calcaire sont rares (lire «Anticalcaire: de la poudre aux yeux», BàS 4/2012). Dans une enquête publiée en 2011, le magazine de consommateurs Which? a même conclu que les poudres anticalcaires n’avaient pas de prévalence sur les pannes…