Le dernier gadget à la mode dans les préaux juste avant les vacances scolaires? Le candy spray, ou bonbon liquide, à sprayer dans la bouche. De mai à juillet, plus d’un million
de flacons ont été vendus
en Suisse! Les écoliers auront ainsi trouvé le moyen d’échapper à l’interdit qui frappe les bonbons et les chewing-gums en classe: un petit pschitt sucré, c’est agréable, ça passe inaperçu et ça n’obstrue pas la bouche au moment de devoir répondre au maître.
Les plus petits, une fois passée la satisfaction d’avoir acheté le truc à la mode, auront de leur côté pris plaisir à réutiliser le spray: le remplir avec du sirop «maison» ou du thé froid, ou simplement avec de l’eau, pour arroser les plantes ou gicler le petit frère... Mais là, gare à l’hygiène! Combien de parents ont retrouvé des candy sprays pleins de sirop fermenté, qui traînaient dans un coin de la maison depuis plusieurs jours!
Risque de confusion
Plus grave que l’hygiène, ces bonbons liquides posent un problème de sécurité. De l’avis de nombreux parents, ils associent à une sucrerie un récipient traditionnellement utilisé en droguerie ou en parfumerie. Habitué à se gicler du candy spray dans la bouche, un petit n’aura-t-il pas un jour le réflexe de faire de même avec un parfum ou un déodorant? Le risque est d’autant plus grand que le spray alimentaire est quasiment de même apparence et de même dimension que bon nombre de flacons de cosmétique (voir la photo). Et certains parfums ou déodorants ont eux aussi une odeur de fruits, qui accroît encore le danger!
Pas prévu par la loi
«C’est clair qu’il y a un risque de confusion, déplore Alain Etournaud, adjoint au chimiste cantonal vaudois. Mais rien ne nous permet d’intervenir. L’arrivée d’un tel produit sur le marché n’a pas été prévue par la loi. Une ancienne législation aurait peut-être permis d’agir: elle prévoyait qu’un récipient habituellement utilisé pour une denrée bien précise ne pouvait pas servir pour une autre.»
Pour éviter les accidents, il faut désormais s’en remettre à la vigilance des parents. Car le distributeur, la maison Kospi Knill AG à Ilnau, n’entend pas, de son côté, pren-dre des mesures particulières: «Notre produit, en provenance de Hongrie, est conforme. On pourrait aussi confondre un bâton de colle avec une sucette. De manière générale, il suffit de se référer aux étiquettes pour savoir à quelle marchandise on a affaire.».
Les parents apprécieront le conseil... Mais surtout, ils veilleront plus que jamais à mettre hors de portée des petits enfants les sprays non consommables.
Composition
Par sa composition en revanche, le candy spray est ni pire ni meilleur que d’autres sucreries: fructose, aspartam, acide citrique, arômes, colorants, agents conservateurs. Il favorise évidemment la carie, surtout s’il est souvent utilisé. Comme pour toutes les douceurs, il vaudrait mieux le consommer à certains moments de la journée et se brosser les dents peu après. Mais les mômes ont justement plaisir à le sortir fréquemment de la poche...
Suzanne Pasquier
hygiène dentaire
Pas de bonbon efficace
Les rayons des dentifrices et des brosses à dents se garnissent de plus en plus de paquets de chewing-gums et de bonbons, dont les emballages ne se distinguent guère des sucreries habituelles. A y regarder de plus près, ces produits sont néanmoins censés «neutraliser les acides attaquant l’émail dentaire». Avec de bons yeux, on peut lire qu’ils peuvent être utilisés «pour l’hygiène dentaire entre deux», donc entre deux brossages de dents.
L’association du bonbon à l’hygiène dentaire est assez gênante. A-t-elle au moins un sens? Eh bien pas vraiment! Professeur de médecine dentaire préventive à l’Université de Zurich, le docteur Thomas Imfeld se montre très sceptique: «Les fabricants exagèrent l’effet de ces bonbons. Nous ne les conseillons pas, car les sels minéraux qu’ils contiennent agissent de manière très limitée sur les acides de la bouche.»
Le professeur Imfeld recommande en revanche les chewing-gums avec le sigle «sympadents» contenant des sels minéraux, ou, encore mieux, de la carbamide. Ils ne remplacent pas le brossage, mais ils favorisent la sécrétion de salive qui, à son tour, diminue l’acidité de la bouche. Et par conséquent le risque de carie. C’est bel et bien cet effet mécanique qui est déterminant, et non la composition du chewing-gum.