David Rappaz a 32 ans. «Je ne suis ni toxicomane, ni homosexuel. Pourtant, je suis séropositif depuis six ans. Et, comme près de la moitié des contaminés, j’ai aussi une hépatite C, raconte ce collaborateur de l’Association du 1er décembre lémanique (lire encadré). Je suis en assez bonne santé, et je n’ai pas encore dû prendre de trithérapie. Mais cela ne m’empêche pas d’angoisser tous les jours en pensant à la mort».
»Or, les gens ont oublié qu’il s’agit d’une maladie mortelle. Avec les trithérapies, qui ralentissent l’évolution du virus VIH, l’état de santé des personnes séropositives s’est amélioré, tout comme leur durée de vie. Les images de malades décharnés et affaiblis se font rares. Le sida est devenu banal, mais il n’est pas mort! Car ces nouveaux médicaments ne guérissent pas, ils ralentissent seulement le développement du mal.»
David déplore aussi que certains négligent les risques de contamination. «Quand on n’est pas certain que son partenaire n’est pas contaminé, il faut en tous les cas prendre ses responsabilités et utiliser un préservatif! J’ai moi-même été contaminé lors d’un rapport hétérosexuel avec une fille que je connaissais bien. J’avais confiance en elle. J’ai donc ma part de responsabilité.»
A relever que les personnes en trithérapie doivent aussi utiliser des préservatifs, car elles restent contagieuses. Même si leur virémie (taux de virus dans le sang) est basse ou quand le virus n’est plus détectable.
Thérapie lourde
«Les trithérapies ont redonné l’espoir à des personnes se voyant condamnées à court terme qui ont pu refaire des projets, constate David. Mais ce traitement est aussi très contraignant et ne convient pas à tous.»
• Contraintes: selon le patient, il faut avaler jusqu’à 22 comprimés par jour, à des heures précises, avant ou après les repas, avec certains aliments ou boissons, etc. «Déjà, de nouveaux produits ne nécessitant plus que la prise de 4 ou 5 comprimés existent, mais ils ne conviennent pas à tous», note Amalio Telenti, chef de la consultation VIH de la Division des maladies infectieuses du CHUV à Lausanne.
Il faut également se soumettre à des contrôles réguliers pour mesurer la charge virale, et s’adresser à son médecin dès qu’on sent son état de santé se détériorer.
• Effets secondaires: ces produits peuvent entraîner de nombreux et désagréables effets secondaires tels nausées, diarrhées, vomissements, migraines, voire des dommages plus sévères, comme par exemple des inflammations du foie, et, dans de rares cas, la mort.
• Résistances: supporter ces effets secondaires et cette discipline de fer ne convient pas à tous. Mais si l’on ne suit pas strictement le traitement on risque fortement de devenir résistant aux médicaments. Car s’il n’est pas freiné, le virus se réplique à raison d’un milliard de copies par jour.
Le danger de résistance existe d’ailleurs aussi pour les patients les plus disciplinés. Il faut alors trouver un autre traitement auquel le virus ne résiste pas encore. «C’est pourquoi nous attendons en permanence les nouveautés de l’industrie pharmaceutique, explique encore le Dr Amalio Telenti.
»Entre 20% et 30% des patients ne supportent d’ailleurs pas du tout ces traitements, rapporte le médecin. Ils doivent avaler davantage de pilules, et constamment changer de thérapie.
»Enfin, un petit nombre de malades du sida n’a répondu à aucun traitement. Pour eux, le seul espoir est qu’on découvre de nouvelles substances.»
En attendant, répétons-le encore une fois, le préservatif reste de mise!
Ellen Weigand
tous solidaires le 1er décembre
Chacun peut participer
Depuis 1996, l’Association du 1er décembre lémanique, regroupant des organisations actives dans le domaine du sida, œuvre pour la Journée mondiale du sida. Objectif: récolter des fonds pour la prévention suisse et pour le programme Sida Afrique de l’ONU.
Pour 1999, les responsables rêvaient d’une chaîne humaine munie de flambeaux tout autour du Léman. Faute d’avoir pu réunir les quelque 85 000 «maillons» humains nécessaires, c’est symboliquement que la chaîne sera formée par des manifestations dans et autour du bassin lémanique (Genève, Vaud, Valais et France voisine).
Chacun, associations et particuliers, peut se montrer solidaire avec les personnes atteintes du virus. Déjà, on annonce des cortèges au flambeau, des loteries ou tournois de pétanque, des bals et autres concerts dans plus de 60 localités. D’autres allumeront un feu ou distribueront une soupe. On peut aussi acheter (et revendre) l’un des 50 000 flambeaux de l’espoir (5 fr.), munis d’un ruban rouge, fabriqués par des ateliers protégés.
Vous avez aussi envie de participer? Alors adressez-vous à l’Association: case postale 492, 1110 Morges,
((021) 803 78 78, fax (021) 803 78 77; Internet: www.1erdecembre.ch.