A grand coup de publicité, la caisse maladie Visana assure qu’elle offre «des solutions d’économies originales». Elle ne ment pas! Se séparer des assurés de huit cantons sous prétexte qu’ils lui reviennent trop cher est en effet une première originale dans un monde où l’on croyait pourtant avoir tout vu... «C’est un scandale, oui, s’exclame Bertrand Jaquet, secrétaire du GPFI (Groupement pour la participation de la famille aux informations sur les assurances sociales). Nous allons susciter des recours. Ainsi, le juge devra vérifier que les primes ont été calculées selon les règles correspondant aux risques du canton ou de la région.»
En effet, si Visana a besoin, comme elle le prétend par exemple, de 970 fr. par mois pour couvrir les futurs frais d’un assuré genevois, cela revient à dire qu’il y a eu de grossières erreurs les années précédentes. Or, l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) est censé contrôler tout ça depuis 1996...
L’autre scandale, malheureusement tout à fait légal (c’est même le gros talon d’Achille de la nouvelle loi sur l’assurance maladie), concerne les réserves, constituées grâces aux cotisations de ceux qu’on exclut aujourd’hui, et qui restent chez Visana! Les caisses qui vont hériter des assurés sont donc obligées de reconstituer ce fonds, peut-être en augmentant leurs primes l’année prochaine.
Deux catégories
A côté de ce mauvais coup d’éclat, les communiqués des autres caisses ont passé presque inaperçus. Il y en a en fait de deux catégories:
- Celles qui ne vont pas augmenter leurs primes. En Suisse romande, cela concerne en tout cas la CSS, Assura et KBV, mais de nombreuses autres
caisses annoncent des stabilisations dans certains cantons seulement.
- Celles qui vont augmenter, dans une proportion de 2 à 5% selon l’OFAS, mais avec des pointes pouvant aller jusqu’à 30% (Visana en ville de Berne).
Dans le premier cas, comme il n’y a pas d’augmentation des primes, il faut envoyer sa lettre de résiliation (par recommandé) avant la fin septembre si on veut changer de caisse au début de l’année prochaine. En cas d’augmentation, le délai est de un mois après la date imprimée sur la correspondance annonçant la hausse.
Quand faut-il démissionner?
Mais l’OFAS annoncera les nouvelles primes trop tard pour ceux dont les primes n’augmentent pas. Que faire s’ils hésitent pourtant à changer de caisse? Ils peuvent bien sûr démissionner avant la fin du mois et, une fois la comparaison possible, renoncer à cette démission s’ils le désirent: la caisse ne peut le lui interdire. Mais certaines compagnies résilient alors en même temps la petite assurance complémentaire. Elles n’en n’ont normalement pas le droit, mais l’OFAS n’a encore jamais tapé sur la table à ce sujet. Alors, pourquoi se gêner... Un conseil donc: ne vous précipitez pas si vous avez une assurance complémentaire et que vous êtes âgé ou malade.
Christian Chevrolet
PROGRAMME À VENIR
Nous vous aiderons!
- L’OFAS annoncera le vendredi 2 octobre les nouvelles primes pour 1999.
Bon à Savoir paraîtra deux semaines plus tard, dès le 14 octobre. Mais on l’a vu plus haut, le montant des primes pour l’année à venir est une chose, la politique des assureurs et leur fiabilité à long terme en sont une autre. Voilà pourquoi nous vous proposerons une série de tableaux exclusifs, vous permettant de choisir, canton par canton, les caisses maladie qui offrent le meilleur rapport fiabilité/prix. - Et les primes? Vous les trouverez deux à trois jours au plus tard après leur annonce officielle par l’OFAS sur Internet. Nous collaborons en effet avec le site Edicom et la société Courtagest pour vous proposer un programme permettant de comparer toutes les primes pour l’assurance de soins obligatoire d’une vingtaine de caisses maladie. A consulter dès le 4 ou 5 octobre à partir de notre site: www.bonasavoir.ch.
- Mais c’est dès aujourd’hui que vous pouvez appeler la ligne que le GPFI a spécialement ouverte pour les lecteurs de Bon à Savoir. Des spécialistes répondent au 0900 573 033 (1,49 fr. la minute) à toutes vos questions sur les assurances maladie, y compris sur celles concernant l’affaire Visana. Chaque réponse sera confirmée par écrit, avec possibilité d’adhérer à l’association.
Le GPFI informe, conseille et assiste ses membres à souscrire la juste assurance maladie, adaptée à sa situation. Mais il se bat aussi pour que les caisses jouent le jeu de la transparence (lire ci-dessus)! Il informe et conseille de même sur les problèmes d’AVS, AI, assurance chômage, assurance accident, deuxième pilier. Tout cela pour une cotisation annuelle de 60 fr. (30 fr. pour la fin de l’année en cours). Demande d’informations ou adhésion: GPFI - Rue de l’Hôpital 11, 2000 Neuchâtel.