Ce n’est pas un hasard si les institutions de crédit ne mettent en scène que des jeunes dans leurs publicités: elles refusent systématiquement d’accorder des crédits aux retraités! Pierre Hubert*, 76 ans, en a fait l’amère expérience. En proie à un problème passager de liquidités pour payer une facture de dentiste de 4800 fr., et sans possibilité de s’en acquitter de manière échelonnée, ce rentier bernois s’est fait remballer tant par Bank-now que par la Raiffeisen et la Banque Cantonale Bernoise. Avec chaque fois la même justification: accorder un crédit aux plus de 65 ans serait illégal.
En fait, toutes les institutions de crédit bloquent l’accès au crédit à partir de 64 ou 65 ans (voir tableau). Or, cette limite d’âge n’est pas dictée par la loi sur le crédit à la consommation, qui n’en impose absolument aucune. Seule règle: avant d’accorder le prêt, le créancier doit s’assurer que le débiteur est en mesure de le rembourser dans un délai de trois ans, même si le crédit s’étale sur une plus longue durée. Les raisons pour lesquelles les banques font de la ségrégation sont donc purement commerciales, car ces crédits sont risqués à leurs yeux.
Retraité = mauvais risque
Si le rentier décède sans avoir remboursé le prêt, les institutions de crédit devront en effet faire des pieds et des mains auprès des héritiers pour récupérer leur argent, ce qui leur coûtera force temps et frais. Qui plus est, elles ne peuvent s’assurer contre ce risque, car «la plupart des assurances n’offrent pas de couverture reliquat de dettes pour le décès d’une personne de plus de 65 ans», explique l’Association suisse des banques de crédit et établissements de financement (VSKF).
Par ailleurs, même si l’emprunteur reste en vie, mais qu’il ne parvient pas à payer les intérêts, la banque aura de la peine à recouvrer son dû, car les rentes AVS et AI ne sont pas saisissables. La banque devra donc, en principe, se contenter de la rente ou du capital du 2e pilier, mais en partie seulement puisque la loi prévoit que le rentier doit conserver un «minimum vital».
Bernhard Bircher-Suits /NZ
* Nom modifié
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Les autres solutions
Vers qui se tourner alors si les banques rechignent à ouvrir leur porte-monnaie et qu’on est temporairement dans le besoin?
- D’une manière indirecte, il est possible de demander un report d’impôt à son administration fiscale, de manière à libérer les fonds nécessaires.
- Autre possibilité: solliciter un prêt d’un particulier ou d’une entreprise, moyennant le paiement d’intérêts raisonnables. Un taux de 5% est communément admis.
- Une bonne solution aussi: s’adresser à des proches pour obtenir un prêt, avec ou sans intérêts. Rédiger un contrat permet d’éviter tout ambiguïté. C’est d’ailleurs ce que, finalement, Pierre Hubert a fait: il a emprunté les 4800 fr. à un ami, qu’il a déjà remboursés.
- Enfin, pour des conseils, on peut s’adresser à une antenne régionale de Dettes Conseils Suisse (www.dettes.ch). Pro Senectute propose un service similaire, voire un soutien financier (www.pro-senectute.ch).