Le pari raté des Lilibiggs
Avec ses Lilibiggs, la Migros entendait promouvoir le bien-manger auprès des enfants. Mais au lieu d’aliments sains, les produits vendus sont remplis de sucre et d’additifs chimiques.
Sommaire
Bon à Savoir
03.12.2003
Yves-Alain Cornu
Migros a récemment lancé son nouveau concept des «Lilibiggs» – Nina, Hugo et Tobi – trois personnages apparaissant sur les emballages des produits pour les enfants. «Nous offrons aux familles une solution pour une meilleure hygiène de vie», déclarait Urs Riedener, directeur du département marketing, lors du
lancement de la gamme. Destinées à promouvoir des valeurs comme la santé et l’exercice physique auprès des jeunes, les amusantes mascottes sont reproduites sur de ...
Migros a récemment lancé son nouveau concept des «Lilibiggs» – Nina, Hugo et Tobi – trois personnages apparaissant sur les emballages des produits pour les enfants. «Nous offrons aux familles une solution pour une meilleure hygiène de vie», déclarait Urs Riedener, directeur du département marketing, lors du
lancement de la gamme. Destinées à promouvoir des valeurs comme la santé et l’exercice physique auprès des jeunes, les amusantes mascottes sont reproduites sur de nombreux produits alimentaires et de soins corporels, environ deux cent d’ici à fin 2005.
Officiellement, les articles alimentaires doivent contenir le minimum de sel, de sucre et d’arômes artificiels, et aucun additif allergène. Or, jusqu’à présent, les produits Lilibiggs contredisent totalement ces directives.
Additifs dangereux
Bon à Savoir a demandé à Heinz Knieriemen, consultant à l’Institut pour l’alimentation et la santé de Richterswil (ZH) et auteur de l’opuscule «Codes-E»*, d’étudier les composants de trois fromages frais, deux yogourts liquides, un dessert au chocolat, des bonbons, une boisson au cacao et des chewing-gums Lilibiggs. Son verdict est sans appel: ces produits contiennent beaucoup trop de sucre et d’édulcorants synthétiques! De plus, la teneur en isomalte et xylitol des bonbons Candida Tutti Frutti est tellement élevée, que leur absorbtion entraîne ballonnements et diarrhées. Et Heinz Knieriemen a même découvert, dans certains articles, des additifs dangereux pour les personnes allergiques ou asthmatiques.
«Si l’on veut boire un yogourt liquide à la fraise pauvre en calories, commente le spécialiste, mieux vaut diluer un peu d’eau dans un yogourt nature et y ajouter une cuillère de confiture à la fraise: c’est meilleur marché et surtout plus sain!»
Monika Weibel, porte-parole de Migros, défend l’opération sans grande conviction: «Pour plaire aux enfants, les aliments doivent être doux, et donc sucrés… Les premiers articles n’ont pas été conçus pour la gamme Lilibiggs et nous sommes conscients du fait qu’ils contiennent beaucoup de sucre. Des nouveautés avec des ingrédients spécifiques à cette opération vont suivre.» Quant à la conseillère en alimentation de Migros, elle a carrément refusé de commenter ce programme.
Georges Müller / yac
*voir page 22