Les hommes préfèrent dévorer un steak en buvant une bière tandis que les femmes choisissent plus volontiers une assiette végétarienne accompagnée d’un verre de vin. Ce cliché a la vie dure, mais se vérifie souvent au quotidien. Le plus étonnant, c’est que ces comportements divergents sont essentiellement dus à des habitudes sociales et à des préjugés, même si des explications biologiques existent aussi. Petit tour d’horizon de quelques idées reçues, disséquées par Jörg Zittlau, sociologue et médecin du sport, qui a réalisé une vaste étude sur le sujet*.
• Les hommes mangent plus de viande que les femmes
Vrai. Et aucun facteur biologique ne semble à même d’expliquer cette différence. Les hommes ont certes davantage de muscles, mais leurs besoins en protéines pourraient être couverts sans viande. En revanche, le côté symbolique semble important: en mangeant de la viande, l’homme espère que la force de ce muscle passera en lui.
• Les femmes sont plus «douceurs» que les hommes
Vrai. Et, là aussi, il n’existe pourtant aucune prédisposition biologique de la femme pour les aliments sucrés. Il semble que les comportements sociaux soient uniquement en cause: on console les petites filles avec un bonbon, tandis que les garçons apprennent qu’un «homme, un vrai, ne pleure pas».
• Hommes et femmes sont égaux devant le régime
Faux. Selon l’étude suisse Nutri-Trend, réalisée en 2000, 32% des hommes souffrent de surcharge pondérale, contre 19% des femmes seulement. Malgré ce taux plus bas, ce sont pourtant ces dames qui surveillent le plus leur alimentation. Est-ce l’instinct qui éloigne les hommes des régimes? Toujours est-il qu’une diète provoque chez l’homme une baisse de production de testostérone. Dans l’aventure, il perd aussi son énergie et sa libido… Cruelle inégalité, il semble que, suivant les circonstances, la situation soit inversée pour les femmes.
• Les hommes supportent mieux l’alcool
Vrai. Les femmes produisent moins de déhydrogénase d’alcool responsable de la première décomposition. Du coup, elles assimilent moins vite l’alcool et sont plus vite «pompettes». Et comme le métabolisme féminin est moins prompt à venir à bout des acides gras néfastes pour le foie, les risques de cirrhose sont plus élevés chez la femme. Enfin, l’alcool attaque plus les artères coronaires des femmes que celles des hommes.
• Le thé est fait pour les femmes
Faux. Même si les buveurs de thé sont principalement des buveuses, il y a là une contradiction biologique. D’une part, le corps féminin contient proportionnellement moins d’eau, ce qui devrait pousser les femmes à éviter les boissons diurétiques. D’autre part, les hommes sont plus sensibles aux propriétés antioxydantes du thé. Une étude japonaise montre par exemple que le risque d’artériosclériose chez l’homme pourrait être réduit de moitié en consommant quotidiennement trois à quatre tasses de thé vert. Effets qui n’ont pas été constatés chez la femme.
• Le stress fait perdre du poids
Vrai et faux. Pour les femmes, c’est même la théorie inverse qui se vérifie le plus souvent. La faute à une hormone nommée cortisol, un excitant de l’appétit, qui suit la courbe du stress chez la femme. En revanche, l’homme aura, lui, tendance à moins manger puisque la réaction biologique à son stress passe par la catécholamine, une inhibitrice de l’appétit…
• Les hommes apprécient la diversité culinaire
Faux. Les femmes seraient nettement plus enclines que les hommes à se laisser tenter par les découvertes. Pire, les hommes ne penseraient qu’à une chose: retrouver le goût des petits plats d’antan que leur concoctait maman. Une manière de s’offrir un peu de sécurité dans ce monde où mobilité et flexibilité semblent avoir force de loi. Et, plus les traditions sont respectées, plus l’homme se sent à l’aise.
Jacqueline Favez
*Frauen essen anders, Männer auch, de Jörg Zittlau, éd. Eichborn-Verlag. Uniquement en allemand.
à chacun son plat
Bon pour les unes et les autres
• Les femmes qui n’aiment pas la viande peuvent compléter leurs besoins en protéines grâce aux produits laitiers, aux œufs, aux légumineuses et au poisson. Le jaune d’oeuf, les germes de blé, les broccolis, les endi-ves et les épinards fournissent au corps féminin de l’acide folique, particulièrement nécessaire en cas de grossesse. Enfin, les femmes devraient faire attention à ne pas consommer trop d’alcool et opter pour des pauses-repas détendues, afin d’éviter d’avoir un appétit d’ogre à cause du stress.
• Les hommes devraient aller à l’encontre de leurs habitudes en mangeant des légumes, de la salade et des fruits, qui apportent l’équilibre dans la balance acides-bases et protègent le système cardiovasculaire. Le thé, vert ou noir, est particulièrement recommandé pour ses propriétés antioxydantes, de même que le vin rouge (en quantité raisonnable bien entendu). Enfin, pour perdre du poids, l’homme devrait plutôt avoir recours au sport qu’à la diète.