Depuis le 1er mars dernier, la France interdit la vente de thermomètres médicaux au mercure. Motif: chaque année, cinq millions de ces appareils de mesure finissaient dans les ordures, notamment des hôpitaux. Avec à la clé, le rejet de 10 tonnes de mercure, hautement toxique, dans la nature.
En Suisse, tous les appareils de mesure au mercure sont interdits depuis 1985. En théorie du moins, car l’ordonnance y relative permet des exceptions pour les instruments n’ayant pas de substitut équivalent ou clairement respectueux de l’environnement.
Interdiction «disproportionnée»
Vu sous cet angle, les thermomètres médicaux au mercure devraient d’ailleurs être interdits depuis longtemps déjà, puisque plusieurs alternatives valables sont appa-rues entre-temps. Pourquoi, dès lors, les autorités n’envisagent-elles pas une interdiction pure et simple?
La consommation de thermomètres médicaux au mercure a fortement fléchi ces dernières années, répond Christoph Rentsch de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Et grâce au recyclage et aux techniques modernes des dispositifs d’incinération, le problème des déchets serait atténué. «Une interdiction serait disproportionnée», estime le fonc-
tionnaire fédéral.
L’OFEFP préfère donc laisser jouer le marché. Ce qui est étonnant, car une interdiction ne nuirait à personne, du moins en ce qui concerne les thermomètres médicaux. Les hôpitaux suisses, par exemple, ont passé aux appareils de mesure électroniques, sans mercure, depuis plusieurs années déjà. Beaucoup utilisent les thermomètres auriculaires, dernier cri, à rayons infrarouges, qui coûtent environ 100 francs.
Fins de série
Dans les ménages, les thermomètres à colonne au mercure sont des fins de série. Selon les estimations du grossiste en produits pharmaceutiques Galenica, quelque 5000 thermomètres au mercure arrivent encore sur le marché suisse chaque année. Pourtant, beaucoup de pharmacies ne les ont plus dans leur assortiment. Elles proposent comme alternative, dans la même gamme de prix, des instrument à base de gallium, un métal liquide moins toxique.
La plupart des thermomètres vendus aujourd’hui sont digitaux et à piles. Ils coûtent, en moyenne, le double des thermomètres au mercure. Mais ces modèles en plastique ont l’avantage d’être incassables et de résister aux morsures. En outre, comparé à un thermomètre à métal liquide, la prise de température ne dure plus que 3 minutes au lieu de 10. Cela pour la plus grande joie des enfants.
Elimination adéquate
Dans tous les cas, les thermomètres fatigués ou endommagés qui contiennent du mercure doivent être jetés aux déchets spéciaux.
Rappelons qu’un thermomètre au mercure contient environ 1,4 g du métal à l’état liquide. Si la colonne de verre se brise, le mercure s’échappe en gouttelettes et s’évapore. Or cette vapeur de mercure et ses composés sont très toxiques. Les petites bulles de métal issues des thermomètres cassés doivent donc être immédiatement recueillies, de préférence avec un papier ou une feuille d’aluminium, mais en aucun cas avec l’aspirateur.
Les déchets toxiques ainsi recueillis peuvent être amenés dans les pharmacies ou les dépôts de déchets spéciaux.