La méfloquine (Lariam) est, en Suisse, le médicament le plus prescrit en prophylaxie contre la malaria. Mais il n’est pas toujours bien toléré: certains voyageurs se plaignent de maux de tête, de troubles gastriques, d’autres de vertiges ou encore de cauchemars. Sur la longue liste de ses effets secondaires, on trouve même – certes très rarement – des cas de troubles psychiques graves. Faut-il donc vraiment prendre du Lariam?
Peser les risques
«Il est vrai que les antipaludéens, et pas seulement le Lariam, peuvent provoquer des effets secondaires, reconnaît Christophe Hatz, médecin-chef à l’Institut tropical suisse. Mais la malaria est une maladie mortelle. Notre politique est donc d’évaluer les risques de la prophylaxie par rapport à la probabilité de contracter la maladie.» C’est pourquoi, les médicaments préventifs ne sont prescrits qu’aux voyageurs qui se rendent dans des zones fortement endémiques, notamment en Afrique de l’Ouest. «La probabilité d’y être infecté est de 2,5% sans prophylaxie. Le Lariam réduit ce risque de 90%», explique le Dr Christophe Hatz. En revanche dans les zones moins touchées (en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud), les antipaludéens sont délivrés sous forme de doses de secours, à ne prendre qu’en cas de crise.
Pourquoi le Lariam? «Il reste actuellement le médicament le plus efficace en prophylaxie», explique Louis Loutan, responsable de l’Unité de médecine des voyages des Hôpitaux universitaires genevois. De plus, il est facile à prendre, à raison d’un comprimé hebdomadaire. Son alternative – l’association de nivaquine et de paludrine – est moins efficace et demande une prise quotidienne.
Le Lariam est toujours prescrit aux voyageurs une ou deux semaines avant le départ, pour pouvoir détecter d’éventuels effets secondaires. Une personne sur cinq, en moyenne, rencontre des problèmes légers (céphalées, douleurs gastriques, etc.). Si vous tolérez mal ce médicament, contactez immédiatement votre médecin, qui pourra vous proposer une autre solution.
En cas de crise
Il est très difficile de reconnaître la malaria: fièvre, maux de tête, violentes courbatures, faiblesse, troubles gastriques (vomissements, diarrhées), frissons peuvent se combiner. «Impossible de faire la différence avec une forte grippe ou une autre maladie tropicale», relève Christophe Hatz. Et la prophylaxie ne donne pas une sécurité à 100%. Si vous souffrez de trois de ces symptômes au moins, il faut donc:
- Consulter un médecin sur place le plus vite possible. Les praticiens locaux connaissent bien les maladies tropicales. Et une simple analyse de sang permet de diagnostiquer la malaria. Vérifiez que le matériel est stérile.
- Si vous n’avez pas pris de prophylaxie et qu’un médecin n’est pas accessible dans les 24 heures, prenez votre dose de secours. Puis consultez un médecin, même si les symptômes ont diminué.
- Si les symptômes décrits ci-dessus se déclarent après le retour, signalez à votre médecin traitant que vous revenez d’un voyage sous les tropiques.
Sophie Reymondin
Conseils aux voyageurs
Se renseigner un mois avant le départ
Le paludisme, ou malaria, est une maladie parasitaire, transmise à l’homme par les moustiques. Il en existe quatre sortes: la plus grave, le plasmodium falsiparum, qui prédomine en Afrique sub-saharienne, peut dégénérer en forme cérébrale mortelle. Les plasmodia vivax, ovale et malariae, sont moins dangereuses, parfois récurrentes.
Faute de soins appropriés, une personne dans le monde succomberait toutes les quinze secondes à cette maladie! Mais une bonne prophylaxie — et des soins adéquats en cas de crise — permettent presque toujours d’éviter le pire. C’est pourquoi il est essentiel de se renseigner auprès d’un centre de vaccination un mois avant le départ. Attention: la prophylaxie ne protège pas à 100% et ne dispense pas des précautions contre les piqûres (antimoustiques, manches longues, moustiquaire).
- Berne: Policlinique médicale de l’Inselspital, (031) 632 31 24.
- FR: service du médecin cantonal, Dr Georges Demierre, (026) 426 82 30.
- GE: HUG, unité de médecine des voyages et des migrations, (022) 372 96 15.
- JU: Hôpital régional de Delémont, Dr Peter Schubarth, (032) 421 27 86.
- NE: Dr Michel Gauchat, spécialiste en médecine des voyageurs, (032) 842 54 96.
- VS: ICHV, centre de vaccination et conseils aux voyageurs, (027) 603 47 17.
- VD: PMU, centre de vaccination et médecine des voyages, (021) 314 74 74.
Des informations très détaillées sont aussi disponibles sur le site Internet: www.safetravel.ch