Le référendum du 17 juin sur les réseaux de soins, ou Managed Care, suscite un grand malaise, tant le paquet présenté au peuple découle d’un compromis qui ne peut pas être favorable aux assurés.
Ce projet privilégie l’intégration des patients dans des réseaux de soins – encore peu nombreux en Suisse romande, soit dit en passant. En y adhérant, ils accepteront de limiter le choix du médecin à ceux de leur réseau; en contrepartie, ils ne seront pas pénalisés financièrement, contrairement à ceux qui n’y adhéreront pas.
Mais attention: il sera alors bien plus difficile de changer de médecin, ou de demander un second avis médical, puisque les caisses maladie ne reconnaîtront que les réseaux avec lesquels elles ont passé un accord. Dès lors, changer de médecin impliquera souvent de changer de caisse, l’inverse étant aussi vrai.
Mais le principal problème saute aux yeux: l’obligation de contracter disparaît. Autrement dit, les assureurs pourront écarter les réseaux qui ne leur conviennent pas. En favorisant ceux destinés aux bien portants, ils parviendront encore plus aisément qu’aujourd’hui à sélectionner les bons risques. Les patients dont l’état de santé requiert des soins réguliers, par exemple les personnes âgées et les malades chroniques, n’auront plus qu’à assumer une charge financière plus lourde.
Si le travail en réseau des praticiens ne peut être que bénéfique aux patients, le poids qu’accorde cette nouvelle loi aux assureurs ne l’est pas. Le dossier Supra, que nous suivons depuis décembre dernier (lire nos éditions précédentes et sur www.bonasavoir.ch –> Actu online), n’est qu’un exemple parmi d’autres des restrictions qu’ils imposent et imposeront au fil du temps.
Voilà pourquoi il convient de refuser le texte soumis au vote ce 17 juin. Ce faisant, les élus fédéraux devront remettre l’ouvrage sur le métier, afin de tisser une œuvre cohérente, loin du patchwork présenté aujourd’hui.
Zeynep Ersan Berdoz