Sommaire
- L’ASSIETTE GÉNÉTIQUE AUJOURD’HUI ET DEMAINProduits transgéniques en Suisse et dans le mondeDans le monde, 34 plantes transgéniques (p.ex. coton, chicorée, colza, tomates) sont autorisées. En Suisse, un seul produit, contenant du soja transgénique, est déjà en vente: des toasts Leisi (Nestlé). Mais quatre produits peuvent être importés:Le maïs Bt176 résistant à la chenille de la pyrale. Le maïs se mange en grains ou en semoule, et il est transformé en huile (mayonnaises, chips, etc), amidon (boissons chocolatées, sauces, etc.), sirop de fructose/dextrose (birchermuesli, boissons fruitées, etc.) et farine.Le soja Roundup-Ready résistant à l’herbicide Roundup. Le soja sert directement ou indirectement à fabriquer quelque 30 000 aliments: sauce soja, potages, margarines, boissons diététiques, etc.La vitamine B12 produite par génie génétique – sert de vitamine ou colorant alimentaire (E101/101A).Présures: trois de ces enzymes servant au caillage du lait sont autorisées depuis 1988. Elles sont produites dans des micro-organismes génétiquement modifiés. D’ordinaire, on les extrait de l’estomac du veau. L’Union suisse du commerce du fromage y renonce encore, craignant pour le label de produit naturel du fromage suisse. Parmi les plantes en développement, qui pourraient être utiles en Suisse, citons la pomme de terre résistant au mildiou (champignon redoutable) et la betterave sucrière résistant à un virus impossible à éliminer chimiquement. Rien ne distingue produits transgéniques et traditionnels. Pour laisser le choix aux consommateurs, les aliments transgéniques doivent donc porter la mention OGM (organisme génétiquement modifié). Mais ils sont exempts de cette obligation s’ils contiennent des ingrédients obtenus par génie génétique, pour autant qu’on ne puisse plus y détecter de matériel génétique modifié. Reste qu’aux Etats-Unis, on mélange déjà récoltes transgéniques et ordinaires. Il sera ainsi toujours plus difficile de garantir que nos aliments n’en con- tiennent pas du tout. Le Con-seil fédéral souhaite donc fixer un seuil de tolérance, au-dessous duquel la déclaration OGM ne serait pas nécessaire. Moralité: pour être sûr de ne pas du tout manger transgénique, il faudra donc manger bio.2e encadréDANGERS à éVALUERJusqu’où peut-on aller?En juin, on votera sur l’initiative souhaitant sérieusement limiter la recherche en génie génétique. Les initiants évoquent notamment les risques des aliments génétiquement modifiés. «En génie génétique, comme pour toute technologie, on recherche le risque minimum, mais le risque zéro n’existe pas, admet le professeur Jean-Pierre Métraux. Il faut toujours se demander jusqu’où on accepte les risques potentiels d’une découverte aux vues de ses avantages pour faire face aux nécessités auxquelles nous sommes confrontés.»Fin janvier à Berne, des experts en évaluation des risques, des chercheurs, des membres de l’industrie et des autorités de divers pays ont débattu des risques des plantes transgéniques. Aucun n’a souhaité l’interdiction de ces cultures. «Mais nous estimons indispensable d’affiner encore l’évaluation des risques et de suivre de près, à long terme, l’évolution de toute nouvelle plante et son effet sur l’environnement», souligne Klaus Ammann, directeur du Jardin botanique de Berne.Et le Bernois de rappeler «qu’une plante transgénique est d’abord testée pendant des années en laboratoire, puis en serre, et seulement ensuite de manière contrôlée en plein champ. Et après plus de 10000 de ces essais, notamment aux Etats-Unis, aucun effet indésirable sur l’homme ou sur l’environnement n’a été constaté». Aux craintes d’une possible dissémination des gènes des plantes modifiées dans la nature, le Dr Ammann répond: «En agriculture traditionnelle aussi, beaucoup de gènes se sont échappés dans des plantes sauvages, p.ex. des mauvaises herbes devenues résistantes à des herbicides.»Les risques les plus cités par les opposants aux aliments issus du génie génétique sont:• La multiplication des allergies – «L’alimentation transgénique ne provoque pas plus d’allergies que la nourriture traditionnelle, assure le professeur Métraux. Elle est même plus sûre, car le fabricant doit prouver qu’ils sont inoffensifs pour la santé et faire notamment un test d’allergénicité. Un contrôle inexistant pour l’alimentation conventionnelle. Et l’industrie agro-alimentaire n’a aucun intérêt à fausser les résultats des tests d’innocuité, car si ses produits s’avéraient ensuite nuisibles, cela provoquerait une trop mauvaise publicité et de grandes pertes financières.»Le génie génétique a d’ailleurs permis de mieux connaître les gènes responsables d’allergies et on peut les désactiver ou les éliminer. Exemple: au Japon, on a désactivé une protéine allergène du riz.•La résistance aux antibiotiques – Le maïs Bt 176 contient un gène résistant à l’antibiotique ampicilline. «Tous les chercheurs estiment hautement invraisemblable que l’homme ou l’animal qui en mange développe une résistance à cet antibiotique», note le Pr Métraux. Novartis a cependant mis au point un autre maïs, non résistant à l’ampicilline? «A l’époque du Bt 176, de la première génération, les fabricants se faisaient moins de soucis, admet le scientifique. Maintenant, un standard mondial exclut ce gène de résistance aux antibiotiques.» Reste que Novartis continue à commercialiser celui qui le contient.
Demain (et déjà aujourd’hui), nous mangerons transgénique. Une idée qui effraie les consommateurs, souvent mal informés sur le génie génétique. Remettons donc soja, maïs, tomates et autres patates transgéniques au milieu de l’assiette. Le professeur Jean-Pierre Métraux, directeur de l’Institut de biologie végétale de l’Université de Fribourg explique ce que le génie génétique change en agriculture et dans notre alimentation.
• Comment ça marche: tout organisme...
Article payant
Pour lire cet article, connectez-vous ou choisissez l'un de nos abonnements.
Abonnements dès 8 Francs