Épluche si affinités
Lancer une initiative antigaspi, c’est à la portée de tous, comme le montrent des projets originaux. «Avec une charrette, nous allons dans les boulangeries, puis au marché, pour récupérer ce que les commerçants n’ont pas pu vendre.» Samantha Formaz, de l’Université de Neuchâtel, fait partie de l’Association alternative étudiante durable (AED). Née d’une initiative estudiantine, elle propose des distributions gratuites d’invendus sur le campus et organise des événements de sensibilisation. Le prochain en date: une disco soupe, le 6 avril. Disco quoi? Disco soupe! De la musique, des invendus et un économe. Rien de plus. Les légumes sont épluchés en rythme pour cuisiner une soupe géante. Son prix? Pas un radis. Et n’importe qui peut organiser sa propre disco soupe en se rendant sur discosoupe.org
A la table des plus démunis
L’an dernier, plus de 4000 tonnes de denrées alimentaires ont été redistribuées par Table Suisse. Cette association a pour but de récupérer et de redonner gratuitement de la nourriture excédentaire à des institutions sociales. Elle travaille presque exclusivement avec des grandes enseignes (Coop, Migros, etc.). Mais, elle n’exclut pas de récolter des denrées provenant de particuliers: «Si quelqu’un déménage et doit vider ses armoires, on va volontiers récupérer les aliments secs dont la date de péremption n’est pas dépassée», explique Baptiste Marmier, responsable des régions Vaud et Neuchâtel.
Des gestes au quotidien
Près de la moitié du gaspillage alimentaire provient des ménages. Quelques astuces simples permettent de moins jeter (lire «Affamez votre poubelle!» sur bonasavoir.ch). En voici les principales.
- Rédiger une liste avant d’aller faire ses courses.
- Penser au congélateur plutôt que de jeter le reste d’un plat.
- Organiser son frigo: les éléments à manger rapidement doivent être devant.
- Recycler les fruits flétris en confiture ou en purée, les légumes trop mûrs en soupe.
- Ne pas jeter aveuglément des produits dont la mention stipule: «A consommer de préférence avant le…». La date indiquée est souvent précoce.
Trop bon pour être jeté
Lutter contre le gaspillage alimentaire grâce à son smartphone. C’est possible via l’application Too Good To Go. Arrivée cet été en Suisse romande, elle est déjà présente dans les principales villes (Genève, Lausanne, Neuchâtel, etc.). Le principe est simple: épiciers, boulangers ou traiteurs peuvent s’y inscrire pour proposer leurs invendus à des prix cassés (entre 3 fr. et 6 fr.). Sur une carte interactive, le consommateur repère les offres les plus proches et commande un repas pour la fin de la journée. Encore faut-il avoir le goût du hasard: le plat se dévoile seulement sur place, en fonction de ce qui n’a pas été vendu.
Des restes à l’emporter, svp!
Après un repas au restaurant, pourquoi ne pas emporter ses restes pour les manger plus tard? Si le doggy bag est répandu aux Etats-Unis, il peine à se démocratiser en Suisse. «Ce n’est pas dans les mœurs», explique André Roduit, président de GastroValais. Au niveau national, GastroSuisse soutient la pratique et fait partie de United Against Waste, créatrice d’un doggy bag helvétique: la food-box plaisir2. Elle peut être commandée par les restaurants et proposée gratuitement aux clients. «En 2016, nous avons distribué environ 43 000 pièces et nous estimons que ce chiffre va augmenter en 2017», explique Markus Hurschler, gérant de l’association. Mais food-box plaisir2 ou autres dérivés, les restaurateurs ne sont soumis à aucune obligation. «Si le client le demande, le personnel lui répondra favorablement. Certains restaurants le proposent même spontanément», explique Gregory Porret, responsable marketing de GastroNeuchâtel. Conclusion: osez le demander!
Lea Job