Quand on pense «chocolat suisse», on imagine un mélange de cacao, de sucre et de lait. La législation permet pourtant l’adjonction de matières grasses végétales, autres que le beurre de cacao, à hauteur de 5%. Ce qui signifie que de l’huile de palme peut potentiellement entrer dans les recettes. D’autant que cet ingrédient, décrié pour ses effets sur l’environnement et la santé, a l’avantage d’être meilleur marché que le beurre de cacao. Alors, les principaux chocolatiers suisses cèdent-ils à cette tentation? C’est ce que nous avons voulu savoir en les interrogeant à ce propos.
Attention aux fourrages
La bonne nouvelle, c’est que toutes les marques approchées disent ne pas utiliser de graisse de palme dans le chocolat standard (voir tableau). Les consommateurs peuvent donc choisir leurs plaques l’esprit libre, du moment qu’elles ne sont pas fourrées. Car c’est là que les choses se compliquent: sept fabricants avouent employer l’huile décriée pour l’élaboration de certains fourrages ou pralinés. Parmi ceux-ci, deux géants: Frey ainsi que Lindt & Sprüngli. Le producteur de la gamme Lindor, qui contient justement de la graisse de palmiste, explique que la substance a des «caractéristiques uniques en termes de fondant, de goût neutre et de texture solide à température ambiante». Des raisons également invoquées par d’autres chocolatiers.
A noter que tous les industriels nous ont précisé acheter de l’huile certifiée RSPO. Ce label, introduit par le WWF, garantit que les producteurs respectent un ensemble de directives environnementales. Il s’agit d’un bon point qu’il faut néanmoins relativiser. Car, aujourd’hui, le même WWF reconnaît que les normes RSPO devraient être bien plus strictes. Et certifiée ou pas, les effets indésirables de cette huile sur la santé restent les mêmes.
Trois chocolatiers montrent l’exemple
Trois fabricants parviennent à s’en passer complètement pour leurs chocolats et toutes les autres préparations à base de cacao: Cailler, Villars et Favarger. Ce dernier explique ce choix «pour des raisons écologiques évidentes et pour l’aspect néfaste sur la santé dans le cas d’une consommation trop importante». Villars indique, pour sa part, travailler «selon un savoir-faire chocolatier ancestral, sans recours à des équivalents ou des remplaçants de beurre de cacao». Pour Cailler, il s’agit plutôt d’une nouveauté. C’est en effet depuis 2013 que l’ensemble de sa production est exempt d’huile de palme.
D’autres producteurs essaient de trouver une alternative. Chocodiffusion, qui fabrique les marques SwissDream et Goldkenn, n’a, par exemple, plus qu’un praliné noisettes-amandes avec de la graisse de palme. L’entreprise dit vouloir élaborer une nouvelle recette dans le courant de 2018.
Dans des œufs de Pâques
Globalement, les chocolatiers utilisant de l’huile de palme n’ont pas été très loquaces pour préciser quels produits ou non en contenaient. Mondeléz nous a cependant précisé que certains fourrages Milka pouvaient en renfermer. Coop a, elle, donné comme exemple les plaques Crème de lait et les branches Milk Crisp. Ovomaltine a mentionné ses Œufs de Pâques. Enfin, Maestrani a indiqué que sa marque Minor n’était pas concernée.
Heureusement, le consommateur a désormais les moyens de savoir si un produit contient de l’huile de palme ou pas. Car, depuis le 1er janvier 2016, l’industrie alimentaire a l’obligation de mentionner sa présence sur les emballages et ne peut plus se contenter de la mention générique «graisse végétale». Un bref coup d’œil à la liste des ingrédients n’est donc pas superflu.
Bernard Utz