Souvent comparé à du safran bon marché, le curcuma connaît un engouement sans précédent, dû en partie à ses qualités gastronomiques, mais surtout à ses propriétés médicinales. De récentes études cliniques se sont penchées sur la curcumine, la substance active de cette épice, afin de déterminer son rôle dans la prévention et le traitement de certains cancers.
Incontournable en Inde
Le curcuma est très répandu en Inde:
il donne au curry sa couleur dorée et parfume de nombreux plats asiatiques. En médecine ayurvédique, il est connu pour soigner les troubles gastro-intestinaux. Il est aussi utilisé comme anti-inflammatoire, pour prévenir les infections ou encore guérir les maladies de la peau.
En Occident, cette épice figure également sur la liste des ingrédients des plats cuisinés, mais elle est utilisée comme colorant, notamment dans les bonbons et certaines moutardes. Elle figure d’ailleurs au tableau des additifs alimentaires sous le nom de code «E 100» et ne présente aucun risque particulier.
Contre le cancer
Ces dernières années, diverses recherches se sont basées sur l’hypothèse que la forte consommation de curcuma en Inde pourrait découler du faible taux de certains cancers. Celui de la prostate, par exemple, est édifiant puis que seuls 5 individus sur 100 000 sont touchés en Inde, contre 100 en Amérique du Nord!
Ces études indiquent que la curcumine protégerait les cellules des effets cancérigènes de certaines substances, dont la fumée de la cigarette, mais aussi qu’elle empêcherait la croissance de plusieurs types de cellules cancéreuses et qu’elle favoriserait même leur élimination.
Des scientifiques suggèrent par ailleurs que cette épice augmenterait l’impact des radiothérapies et de certaines chimiothérapies, tout en diminuant leurs effets secondaires. Cependant, ses bienfaits n’ont été observés que sur un petit nombre de personnes, sur des cellules (in vitro) ou encore sur des animaux auxquels on a injecté de fortes doses de curcuma. Des études de plus grande envergure, portant sur l’humain, sont attendues, afin de confirmer ces observations.
Perspectives médicales
Outre cette éventuelle action sur les cellules cancéreuses, la curcumine serait bénéfique dans le traitement ou la prévention d’autres affections. Ainsi, la pancréatite pourrait être traitée par l’injection de curcuma par intraveineuse, c’est du moins ce que suggère une étude portant sur des rats, menée en 2003 par une université de Californie. Il semblerait également avoir un effet protecteur sur les muqueuses de l’estomac, favorisant ainsi une diminution des ulcères. La maladie d’Alzheimer pourrait aussi être contrée de cette manière. Cette année encore, une équipe du Centre médical Cedars-Sinai, à Los Angeles (USA), a isolé une substance du curcuma, poétiquement baptisée CNB-001, et a démontré sa capacité à réparer les cellules du cerveau, endommagées après une attaque cérébrale.
Poivre et graisses
Dans l’attente de résultats plus détaillés, les effets antioxydants et anti-inflammatoires du curcuma ne sont plus à prouver. Le problème: cette épice n’est que faiblement assimilée par l’organisme. Il est cependant possible d’en tirer davantage profit en l’associant à du poivre et à un corps gras, puisque cette substance est soluble dans la graisse.
Il n’y a donc aucune raison d’en limiter la consommation. Au contraire. Il est tout à fait indiqué d’en ajouter aux vinaigrettes et aux plats en sauce, sans oublier, bien sûr, quelques indispensables tours de moulin à poivre.
Doris Favre,
diététicienne diplômée