Bien malin celui qui devine si son interlocuteur appelle de Hong Kong ou du bistrot du coin: les ondes se rient aujourd’hui des frontières. Cette évolution a toutefois échappé aux éditeurs du bon vieil annuaire téléphonique qui cloisonne le territoire à vue d’œil.
En Suisse romande, chaque canton était, jusqu’ici, contenu dans un volume, seul Vaud faisant l’objet de deux tomes. Les abonnés recevaient également «Les Pages Jaunes» pour leur région. Or, depuis le printemps 2013, seul un bottin réduit, revisité pour l’occasion, est envoyé par local.ch, filiale de Swisscom.
En préambule, le directeur Edi Bühler annonce fièrement que le nouveau «LocalGuide» est «la synthèse des Pages Jaunes et du bottin téléphonique». Dans les faits, ce dernier a simplement été supprimé et la Suisse romande se partage désormais en 20 volumes: deux pour Bienne et le Jura bernois, un pour le canton du Jura, deux pour celui de Neuchâtel, trois pour celui de Fribourg, huit pour Vaud et deux pour le Bas-Valais. Les Genevois reçoivent un tome pour les adresses privées et un autre pour les commerces.
Actuellement, les abonnés domiciliés à Monthey reçoivent ainsi gratuitement l’annuaire du Chablais. Mais, s’ils souhaitent pren-dre rendez-vous chez un coiffeur à Martigny, ils devront commander, en sus, celui du Bas-Valais.
A la suite de notre intervention, local.ch a renoncé à facturer 14.90 fr. les volumes envoyés en sus, comme prévu initialement. Ils peuvent être commandés gratuitement au 0848 86 80 86 (8 ct./min) ou par mail à [email protected], à condition de motiver sa demande.
Quatre abonnés sur cinq
Cette évolution n’est pas dramatique pour les internautes habitués à faire leurs recherches en ligne, mais elle pénalise évidemment le public qui a encore recours aux éditions papier. Or, c’est le cas de plus de quatre abonnés sur cinq selon les propres chiffres de Local.ch, société dont Swisscom est l’actionnaire majoritaire!
Pour faire passer la pilule, la société explique que chaque «LocalGuide» contient des informations «passionnantes sur la région», telles qu’adresses de restaurants, salons de beauté ou dépanneurs sanitaires. Mais il regorge également d’encombrantes annonces payantes.
«La taxe de base ne finance plus un centime de l’annuaire. Celui-ci est autofinancé par les publicités», explique local.ch. Son porte-parole, Martin Lüthi, justifie cette évolution par l’augmentation des raccordements. Reste que si local.ch fait d’évidentes économies, les abonnés, eux, se voient quasiment obligés de se connecter au net.
Thomas Lattmann / chr