La loi est claire: chaque café ou restaurant doit afficher le prix de tout ce qu’il vend, sur une carte ou sur un panneau parfaitement visible. Or, sur les 182 établissements romands visités par notre rédaction et celle de On en parle, 80 ne
le faisaient pas, du moins avec les boissons non alcoolisées. En Valais, 24 établissements sur 25 sont ainsi dans l’illégalité!
Le but de l’enquête n’était pourtant pas de contrôler si la loi sur l’indication des prix était respectée, mais si chaque établissement offrait au moins trois boissons non alcoolisées à un prix inférieur demandé pour la boisson alcoolisée la meilleur marché. But de la démarche: encourager les jeunes à consommer une eau gazeuse, une limonade ou un verre de lait plutôt qu’une bière.
Eh bien, là aussi, la déception est de taille, car pres-que 30% des établissements affichant leurs prix ne jouent pas le jeu! Et encore, nous n’avons relevé les prix que dans les bistrots les affichant clairement (voir tableau ci-dessous)...
Pourtant, les différentes lois cantonales demandent toutes un choix de trois boissons sans alcool, «à quantité égale». Le consommateur est ainsi en droit d’attendre, par exemple, trois boissons sans alcool de 3 dl à meilleur compte que 3 dl de bière. Lors du dépouillement, nous avons donc refusé de tomber dans le piège suggéré par certains établissements, estimant qu’il suffit de diviser le prix d’une bouteille d’eau de 5 dl et de le multiplier par trois pour arriver au but légal... Nous avons également estimé que les cafés ne proposant pas trois (mais une ou deux) boissons sans alcool n’étaient pas en règle.
Genève hostile
Hormis en Valais, où il nous a été impossible de mener une enquête digne de ce nom, c’est dans le canton de Genève où l’on trouve la plus forte résistance à la loi, puisque 45% des cafés ne sont pas en règle. Et si l’on excluait la tradition cantonale des «juniors», boissons non alcoolisées que certains restaurants réservent strictement aux enfants, ce taux serait plus important encore!
Neuchâtel affiche également un taux de résistance supérieur à la moyenne suisse romande (28,4%), puisque un tiers des cafés visités n’offrent pas ce choix de boissons. Et notre enquêteur n’a trouvé une promotion de ces boissons que dans 4 établissements (sur 21), alors que la loi l’exige.
A Fribourg, il nous a fallu visiter 35 bistrots pour en trouver 15 qui affichaient leurs prix. En revanche, grâce à la tradition des «sportifs» (boissons sans alcool servies au verre), c’est ici que les jeunes seront le mieux servis, puisque seuls 13% des cafés n’offrent pas le choix de trois boissons.
Réactions
Nicolas Bolle, secrétaire adjoint du Département de justice et police du canton de Genève n’est pas franchement étonné du mauvais score genevois: «Les cafetiers ne se sont jamais montrés très chauds pour proposer ces trois boissons sans alcool à meilleur prix. Mais nos services font des contrôles réguliers, infligeant une amende d’une centaine de francs la première fois, plus lorsqu’il y a récidive.»
Adrian Zumstein, chef de la Section commerce et patentes du Valais, est surpris, qu’aux dires de l’enquête, un établissement sur vingt-cinq seulement affiche légalement ses prix. Il explique que les contrôles sont assurés par un seul inspecteur dans tout le canton (réd.: dans plus de 3000 établissements) et que la politique est de rappeler les dispositions, de convaincre de les respecter, et seulement, en dernier recours, de mettre une contravention.
Une politique qui, visiblement, ne porte pas ses fruits!
Christian Chevrolet
résultats en chiffres
Presque un café suisse romand sur deux n’affiche pas ses prix
berne fribourg genève jura neuchâtel valais vaud total
Etablissements visités 13 35 39 10 21 25 39 182
— Pas d’affichage des prix 3 20 17 1 6 24 9 80
Etablissements pris en compte 10 15 22 9 15 1 30 102
— Etablissements en règle1 7 13 12 7 10 1 23 73
— Etablissements pas en règle 3 2 10 2 5 (2) 7 29
1Proposent 3 boissons sans alcool à un prix plus avantageux que la boisson alcoolisée la moins chère.
2Un seul établissement valaisan affichait ses prix et a donc pu être pris en compte dans le cadre de notre enquête.