A l’apéro? Au repas? Avec le café? L’alcool s’invite très souvent à table et anime les discussions: «Je ne suis jamais ivre», «J’évite les alcools forts», «Un café et ça repart!». Autant d’affirmations que l’on répète et qui donnent bonne conscience. Mais qu’en est-il réellement? Réponse en six points.
1. L’alcool ne fait pas grossir, car ses calories ne sont pas stockées sous forme de graisse.
Faux
L’alcool, avec 7 kcal/g, est une source d’énergie pour l’organisme. C’est un peu moins que la graisse (9 kcal/g), mais c’est presque le double de ce qu’apportent les sucres ou les protéines.
Lors de la digestion, l’organisme brûle d’abord l’alcool et retarde de plusieurs heures la combustion des graisses, provoquant à la longue une prise de poids. Ainsi, lors d’un copieux repas, le vin, la bière et les pousse-café contribuent à stocker dans l’organisme, généralement sur les hanches et le ventre, une bonne partie des graisses contenues dans les aliments.
2. A quantités d’alcool égales, les femmes présentent une alcoolémie plus élevée que le hommes.
Vrai
Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face à l’alcool. Ainsi, un homme et une femme de poids égal, avec une consommation d’alcool identique, n’afficheront pas le même taux d’alcool dans le sang. Il y a plusieurs explications à ce phénomène.
Tout d’abord, il faut savoir que l’alcool est plus facilement soluble dans l’eau que dans la graisse. L’alcoolémie va donc dépendre de la composition corporelle. Le tissu adipeux est plus important chez la femme. Son corps contient ainsi moins d’eau: 60% chez la femme contre environ 70% chez l’homme (lire l’encadré). Il en résulte un volume de distribution plus petit et donc une concentration en alcool dans le sang plus importante.
D’autre part, le foie de la femme contient moins d’enzymes. L’alcool est donc éli-miné plus lentement que chez l’homme.
Cette inégalité explique pourquoi la consommation quotidienne (et non par repas) recommandée pour l’homme est fixée à 20 g d’alcool (2 dl de vin), mais à 10 g seulement pour la femme.
3. Un verre de whisky contient plus d’alcool qu’un verre de bière.
Faux
Toute portion d’alcool, telles qu’elles sont servies dans les bars et les restaurants, apportent la même quantité d’alcool, soit environ 10 g. Un verre de whisky (2,5 cl), une chope de bière (2,5 dl) ou un verre de vin (1 dl) affichent donc la même quantité d’alcool (lire l’encadré).
4. L’alcool, comme toutes les boissons, permet d’hydrater le corps.
Faux
Au contraire, l’alcool augmente les risques de déshydratation en diminuant la synthèse de l’ADH (hormone antidiurétique), une hormone qui permet de concentrer l’urine.
Lorsqu’elle est produite en quantité insuffisante, par exemple sous l’effet de l’alcool, l’organisme perd plus d’eau par l’urine que nécessaire. Ainsi, étancher sa soif avec une bière, même bien fraîche, ne fait qu’aggraver la déshydratation.
5. Les ados sont plus sensibles aux effets néfastes de l’alcool.
Vrai
Et cela pour plusieurs raisons:
- Les jeunes ont un poids inférieur à celui des adultes: l’alcool se dilue donc dans une plus petite quantité de liquide corporel.
- Le foie des adolescents contient moins d’enzymes permettant l’élimination de l’alcool.
- Le cerveau ne finit sa maturité qu’à l’âge de vingt ans: la consommation excessive d’alcool l’empêche d’évoluer normalement. Diverses études confirment que les jeunes qui boivent sont plus vulnérables aux troubles de la mémoire et d’apprentissage.
Enfin, en commençant à boire jeune, on a plus de risques de développer une dépendance à l’alcool à l’âge adulte.
6. Une consommation raisonnable de vin protège le cœur.
Vrai
Bu en petite quantité, 2 dl par jour pour l’homme et 1 dl pour la femme, le vin provoque une augmentation du bon cholestérol dans le sang. Il semblerait également que les antioxydants, présents dans le vin rouge surtout, protègent de l’artériosclérose. Mais rien ne justifie de faire boire les abstinents, car une alimentation équilibrée, une activité physique régulière ou le fait de ne pas fumer ont également une influence positive sur le système cardiovasculaire.
Au-delà d’une consommation raisonnable, les risques pour la santé augmentent considérablement: augmentation de la tension artérielle, troubles hépatiques, risque de cancer, etc.
Doris Favre, diététicienne diplômée
Combien de grammes d’alcool dans ma boisson?
La teneur en alcool est indiquée en ° (degré) sur les bouteilles. Pour convertir les degrés en grammes, il faut le multiplier par 0,8. Ainsi, une bière à 9°, contient 7,2 grammes d’alcool pour 1 dl.
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Taux d’alcoolémie
A partir de la teneur en alcool d’une boisson (lire l’encadré ci-dessus), un simple calcul permet de connaître son taux d’alcoolémie.
> Pour une femme:
Gramme d’alcool bu / (Poids corporel x 0,6)
> Pour un homme:
Gramme d’alcool bu / (Poids corporel x 0,7)
En buvant 2 dl de vin à 12° (19,2 g d’alcool), une femme de 60 kg affichera une alcoolémie à 0,53 pour mille et un homme de poids identique un taux de 0,46 pour mille.
Ce calcul reste cependant très théorique car le taux d’alcool dépend aussi de la vitesse de consommation ou si l’on boit au cours d’un repas, par exemple. L’alcool est ensuite progressivement éliminé de l’ordre de 0,10 à 0,15 mille par heure.