Pour rendre visite à ses petits-enfants à Paris sans se ruiner, Annie-Claude Amar connaît la musique. Avec l’aide de son fils, elle commande ses billets de train sur internet trois mois à l’avance pour bénéficier de tarifs préférentiels. «Sur le site de la SNCF, le billet me revient généralement moitié moins cher que si je l’achetais quelques jours avant le départ. Pour une retraitée comme moi, la différence compte. Car, si je devais payer le prix fort, je ne pourrais pas aller voir mes petits-enfants aussi souvent.»
Le billet ou rien
C’est précisément dans le TGV qui l’emmenait à Paris, le 25 septembre 2010, qu’Annie-Clau de Amar s’est fait subtiliser ses bagages. Dans sa valise volée, quatre billets aller-retour Lausanne-Paris pour des voyages futurs. «Mais, comme j’avais conservé les confirmations de commande où figurent mon nom, le jour, le numéro du wagon et de la place réservée, j’ai décidé de les utiliser comme preuve de paiement pour accomplir, malgré tout, ces quatre trajets.»
Verbalisée à trois reprises par un contrôleur de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et une fois par un cheminot des CFF, notre lectrice a écrit aux deux compagnies pour s’expliquer. Malgré les justificatifs annexés – confirmations de commande et copie de la plainte pour vol déposée à la Police vaudoise – le Service du contentieux des CFF s’est montré inflexible en lui adressant une facture de 169 fr.
La SNCF magnanime
Animée par un sentiment d’injustice, Annie-Claude Amar a adressé, en vain, un second courrier au Service du contentieux des CFF avant de passer par le Service de médiation des transports publics. Les arguments de la médiatrice Rose-Marie Ducrot ont incité les CFF à réduire leur facture de 169 fr. à 50 fr. «Mais, pour le principe, je trouve quand même injuste de devoir payer une telle somme, alors que j’ai fourni toutes les preuves de ma bonne foi», déplore notre lectrice.
Le porte-parole des CFF, Frédéric Revaz, estime que les règles sont suffisamment claires: «Seul un titre de transport valable permet de voyager. Un billet de train, c’est un papier valeur, au même titre qu’un billet de 20 fr. par exemple. Si l’on acceptait les confirmations de commande, il y aurait le risque qu’une autre personne circule à bord du train avec le bon billet.»
Ce qui est certain, c’est que la SNCF s’est montrée nettement plus souple. Dans un courrier adressé par son Service des contraventions, la société française conclut: «Notre entreprise n’est pas responsable de la perte ou du vol d’un billet. (…) Toutefois, suite à l’enquête diligentée auprès de nos services et au vu des pièces annexées à vos différents courriers, il a été décidé, à titre bienveillant, de ne donner aucune suite à ces affaires.»
Yves-Noël Grin
À L’AVENIR
CFF: sur les rails de la rigueur
Il est encore possible aujourd’hui d’acheter son billet dans le trafic longues distances, autrement dit dans les trains IC, IR et ICN. Mais, à compter du 11 décembre, date coïncidant avec le changement de l’horaire des CFF, cette prestation tombera. Dès lors, chaque voyageur aura l’obligation d’avoir acheté ou oblitéré son billet avant le départ, sous peine de devoir payer un supplément comme dans le trafic régional.
«Aux heures de pointe, les wagons sont si pleins que le personnel parvient de moins en moins à contrôler tous les passagers. Cela empêche de nombreux voyageurs d’acheter leur billet dans le train et une entreprise comme les CFF perd ainsi des recettes se chiffrant en dizaine de millions de francs», justifie l’Union des transports publics (UTP). Cette mesure s’appliquera à tous les trains longues distances, alors que les entreprises de transports touristiques – comme les Chemins de fer rhétiques, CarPostal ou les entreprises de navigation – conserveront le libre choix de vendre les billets dans leurs véhicules.