Le peuple a donc massivement refusé une deuxième baisse des rentes du 2e pilier. Sa décision est logique: un futur propriétaire fixerait-il aujourd’hui, en 2010, le taux hypothécaire d’une maison qu’il achèterait en 2016 alors qu’il a la possibilité de le faire trois à quatre ans plus tard? Non, évidemment.
Reste que la campagne a soulevé bien des questions. Parmi elles, celle du choix du futur retraité entre l’encaissement du capital et une rente à vie. Un choix parfois restreint, car, si la plupart des caisses de pension autorisent la première option, elles ne sont que partiellement obligées de le faire: les plus restrictives s’en tiennent donc au minimum légal, soit le versement de 25% du capital, le solde étant versé sous forme de rentes. Important aussi: la plupart des caisses de pension exigent d’être averties du retrait au moins trois ans avant.
Un choix cornélien
Cela dit, le choix n’est pas facile.
- En faveur des rentes, il y a surtout la sécurité et la tranquillité. Quoi qu’il se passe, la somme fixée à la retraite sera versée jusqu’au décès de l’assuré, puis le conjoint survivant en touchera encore 60% jusqu’à sa propre mort. Ainsi, le retraité est libéré de tout souci. En revanche, ce choix ne lui laisse aucune flexibilité (impossible de retirer un certain montant en cas de besoin ou d’envie), ni la possibilité de léguer la part «non consommée» du capital à ses descendants.
- Le retrait du capital engendre des avantages et des inconvénients quasiment opposés. La flexibilité est maximale, puisque le retraité dispose de la totalité du capital retiré et laisse – en cas de décès prématuré des deux conjoints – le solde à sa descendance. A l’inverse, pour que l’épargne permette de vivre durant, disons 25 ans, il va falloir s’occuper de son rendement, avec toutes les incertitudes dues à la volatilité des marchés. Et, si le retraité a la chance de vivre très longtemps, il ne lui restera plus que l’AVS (et une éventuelle autre source de revenu) après 90 ans.
Au niveau des finances
Or, ce sont bien ces critères qui vont être déterminants, même si, sur le plan financier, notre comparaison (voir tableau ci-contre) donne un léger avantage au retrait du capital, puisqu’il engendre le meilleur revenu mensuel.
Pour calculer le rendement de la rente (1re colonne), nous avons retenu un taux de conversion de 6,3%, soit une moyenne entre celui qui sera en vigueur dès 2014 pour la partie obligatoire (6,8%) et ceux – variables – utilisés pour la partie surobligatoire. Le revenu annuel ainsi dégagé (25 200 fr. pour un capital net de 400 000 fr.) sera toutefois imposé normalement, ce qui le ramène à 18 900 fr. net.
Deux variantes
En cas de retrait du capital, il existe deux variantes.
- La constitution d’une rente viagère (2e colonne) n’est pas conseillée. Certes, en cas de décès, le revenu de la conjointe survivante ne diminue pas, alors qu’il n’est plus que de 60% avec une rente. Certes aussi, il reste un capital non négligeable après 10 et 20 ans de «consommation» pour la succession. Mais, au regard du revenu disponible, tant vis-à-vis de la rente que du concept individuel, cette solution est peu attrayante: mieux vaut opter pour une solution personnalisée.
- Le concept individuel (3e colonne) est plus contraignant et plus risqué (notamment si la durée de vie dépasse largement la moyenne), mais le plus avantageux aussi. Le capital brut sera imposé à un taux spécial (variable selon les cantons), diminuant d’autant le capital net. Avec un taux de conversion de 6,2% et un rendement net attendu de 4%, le retraité est couvert durant 25 ans. Une fois les impôts sur le revenu (rendements) et sur la fortune (solde du capital) déduits, il reste un revenu annuel brut moyen de 20 540 fr., qui sera également celui de sa femme en cas de décès. Et surtout, à 75 ans, notre retraité disposera d’un capital de 256 000 fr., et de 102 000 fr. encore à 85 ans.
Reste, dans ce dernier cas, le souci de la gestion. Ceux qui désirent l’éviter peuvent la confier à une société spécialisée dans la gestion du patrimoine, Dans le cas de notre exemple, calculé par la société VZ VermögensZentrum, les frais de gestion (variant de 0,9 à 1,4% selon la composition du portefeuille) ont d’ores et déjà été déduits du rendement espéré. Le retraité qui place lui-même ses biens peut donc espérer un revenu encore supérieur.
Christian Chevrolet
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.