Apparue au milieu des années 1990 dans le domaine de l’électroménager, l’étiquetteEnergie s’est, petit à petit, imposée comme critère indispensable lors du choix d’un appareil électrique ou électronique. Au fil du temps, de nouvelles catégories d’équipements ont aussi été concernées, tels les téléviseurs, les machines à café, l’éclairage, voire les automobiles.
En 2011, une mise à jour a permis la création de nouvelles classes de consommation A+, A++ et A+++ pour tenir compte des progrès techniques sur les réfrigérateurs, congélateurs et lave-vaisselle. Sur les lave-linge, plusieurs programmes sont aujourd’hui pris en compte. On mesure en outre la consommation de veille (stand-by) des lave-linge et des lave-vaisselle ainsi que leur bruit.
Ce classement ne visait d’abord qu’à aider les clients à faire leur choix. Il est vite devenu un argument de vente essentiel pour les fabricants. Mais, malgré l’omniprésence de cette information et l’avancée de la technologie, la consommation électrique des ménages n’a cessé d’augmenter pendant la dernière décennie: près de 2% en moyenne par année!
En cause: l’augmentation du nombre de ménages, mais, surtout, du nombre et de la taille des appareils, autant de facteurs sur lesquels le pouvoir politique n’a que peu de prise. A l’heure où l’on parle de sortir du nucléaire, le seul moyen concret pour tenter d’endiguer cette croissance boulimique est d’interdire à la vente les appareils les plus gourmands. Ainsi les réfrigérateurs doivent-ils être en classe A au minimum depuis 2010 et en classe A+ depuis 2011.
Lessive vorace
Entre 2000 et 2009, la consommation liée au traitement du linge a augmenté de 45% en Suisse. Cette voracité est due principalement à la quasi généralisation de l’usage des sèche-linge dans les ménages. Pour freiner cette évolution, seuls les appareils en classe d’énergie A, et donc équipés d’une pompe à chaleur, sont commercialisés depuis cette année.
Cette technologie consiste à récupérer la chaleur extraite de l’air sortant du linge et à la réinjecter pour chauffer l’air amené dans le tambour. Les économies de consommation électrique ainsi réalisées sont de l’ordre de 45% par rapport aux appareils traditionnels revendiquant au mieux la valeur B!
La nouvelle réglementation a aussi des inconvénients. Les nouveaux sèche-linge sont plus complexes, et donc environ deux fois plus chers, l’investissement minimal passant de 1000 fr. à 2000 fr. En cas d’usage occasionnel, ce surcoût ne sera jamais absorbé par les économies d’électricité. Les lois sont souvent conçues à partir de modèles périmés – la famille nombreuse –, alors que les deux tiers des ménages en Suisse ne comptent à présent qu’une ou deux personnes!
Idem sur le plan écologique: le surcroît d’énergie et de matières premières utilisées pour la fabrication, le transport et, finalement, le recyclage de ces appareils sophistiqués ne compenseront pas les économies réalisées. Et, enfin, les usines se trouvent, pour la plupart, dans des pays où la pollution liée à la fabrication n’est pas réglée.
Bilan mitigé
Les célibataires et les adeptes de la corde à linge qui n’utilisent qu’avec modération ce type d’appareil ont donc, pour l’heure, intérêt à se tourner vers le marché de l’occasion. Et, comme les appareils combinés lavage et séchage ne sont curieusement pas concernés par cette réglementation, ils sont une variante judicieuse pour un usage épisodique.
Les sèche-linge avec pompe à chaleur ont, enfin, des inconvénients pratiques. Le condenseur n’est plus accessible pour le nettoyage et, si les filtres sont trop mal placés pour être entretenus régulièrement, leur efficacité diminuera drastiquement. Ce qui augmente la consommation et implique un coûteux nettoyage dans un atelier. Enfin, les nouveaux appareils, étant équipés d’un compresseur similaire à celui d’un réfrigérateur, il faut les transporter verticalement et les laisser reposer une dizaine d’heures avant de les mettre en service.
Laurent Zahn