L’heure de la retraite est sur le point de sonner. Pour ne pas se retrouver sans le sou au moment de commencer sa nouvelle vie, le futur retraité serait bien avisé de demander sa rente de vieillesse à la caisse de compensation qui a encaissé les dernières cotisations ou à celle de son conjoint s’il perçoit déjà une rente de vieillesse, et ce, entre trois et six mois avant d’atteindre l’âge légal de la retraite. Et par écrit, s’il vous plaît! Les formulaires de demande peuvent être obtenus auprès de la caisse de compensation ou téléchargés à l’adresse www.avs-ai.info -> Formulaires 318.370 – Demande de rente vieillesse. Faute de quoi, la rente ne sera pas versée le premier jour du mois qui suit celui où l'on a atteint l’âge de la retraite (65 ans pour Monsieur, 64 ans pour Madame).
Un savant calcul
La caisse de compensation a, en effet, besoin d’un certain temps pour réunir les documents nécessaires et calculer le montant à verser.
Pour toucher une rente complète, il faut avoir cotisé sans lacunes depuis l’âge de 20 ans (étudiants) ou dès le 1er janvier suivant son 17e anniversaire si l'on exerce une activité lucrative, jusqu’à l’âge de la retraite ordinaire. Soit durant 44 ans pour les hommes et 43 ans pour les femmes (lire encadré).
Mais attention: avoir droit à une rente complète ne veut pas dire qu’on aura forcément droit au montant maximum! La pension mensuelle dépend, en effet, d’un calcul complexe basé, notamment, sur le revenu annuel moyen déterminant. Pour le calculer, on additionne tous les revenus issus d’une activité lucrative, qu’on divise par le nombre d’années de cotisations. Une tabelle permet ensuite de déterminer la rente en fonction de ce revenu moyen. C’est l’«échelle 44».
En 2014, la rente annuelle individuelle complète se situe entre 14 040 fr. (1170 fr. par mois) et 28 080 fr. (2340 fr. par mois). Ce montant est, en principe, indexé tous les deux ans en fonction de l’évolution des salaires et des prix à la consommation. Lorsque la rente ne suffit pas à couvrir les besoins vitaux, des prestations complémentaires s’ajoutent encore sous certaines conditions(1).
Pour les personnes mariées, divorcées ou veuves, la rente est fixée en répartissant à parts égales les revenus réalisés par les conjoints ou les ex-conjoints durant les années de mariage. Contrairement à une idée largement répandue, un couple de retraités ne perçoit donc pas une rente de couple mais deux rentes individuelles identiques. Celles-ci sont toutefois plafonnées, car la somme des deux rentes ne peut pas être supérieure à 1,5 fois la rente maximale perçue par une personne seule, soit 42 129 fr. par an ou 3510 fr. par mois. Si cette limite est dépassée, les rentes sont alors réduites en conséquence.
Se renseigner sur sa future rente
Il est possible de demander, en tout temps, un calcul anticipé de sa rente de vieillesse à la caisse de compensation de son employeur. Il est même judicieux de le faire lors d’un changement professionnel ou familial ou pour planifier une retraite anticipée, par exemple. Le formulaire de demande peut être téléchargé sur www.avs-ai.info -> Formulaires 318.282 – Demande de calcul d’une rente future.
La démarche prend entre un et deux mois lorsqu’elle est formulée pour la première fois, car la caisse doit contacter toutes celles auxquelles l’assuré a été affilié (ainsi que celles de son conjoint s’il est marié). Cette démarche est en principe gratuite. Un montant de 300 fr. au maximum peut, toutefois, être prélevé lorsque l’assuré a moins de 40 ans ou s’il a déjà demandé un tel calcul au cours des cinq années précédentes, sans que sa situation ait changé depuis.
Vérifier son compte personnel
Par ailleurs, une boulette n’est jamais exclue. L’assuré a donc tout intérêt à vérifier de temps à autre si les informations transmises à son sujet sont exactes. A défaut, ses prestations du 1er pilier risquent d’être réduites. Un extrait de compte peut être obtenu gratuitement auprès de la caisse de compensation par écrit ou directement en ligne (www.avs-ai.info). Il suffit de mentionner son numéro AVS et son adresse postale. Si une erreur est constatée, on demandera sa rectification dans les 30 jours. La différence sera alors créditée sur le compte de l’assuré. Il n’y a pas de délai de prescription. Attention: c’est à l’assuré de prouver que l’employeur ne s’est pas acquitté du montant des cotisations dues grâce à ses fiches de salaire. Mieux vaut donc les conserver toutes très précieusement.
Continuer à bosser
Enfin, une fois l’âge ordinaire de la retraite atteint, il est toujours possible de mettre un peu de beurre dans les épinards en continuant à exercer une activité lucrative et en ajournant, par conséquent, le versement de la rente, afin de bénéficier, ensuite, d’une majoration le reste de son existence (+5,2% pour la première année, jusqu’à +31,5% si on pousse l’exercice durant cinq ans). Cet ajournement doit être demandé dans l’année qui suit l’ouverture du droit à la rente ordinaire de vieillesse. Il peut ensuite être annulé à tout moment, mais il doit durer un an au moins.
A l’inverse, l’assuré peut aussi avancer le versement de sa rente jusqu’à deux ans avant l’âge légal de la retraite. Celle-ci sera, toutefois, amputée, à vie également, de 6,8% par année d’anticipation.
(1) Lire notre article «Quand l’AVS ou l’AI ne suffisent pas» (TCF 6/2013).
Chantal Guyon
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Gare aux lacunes de cotisation
Tout un chacun, qu’il exerce ou non une activité lucrative, est tenu de verser sans interruption ses cotisations à l’assurance vieillesse et survivants (AVS). Mais il peut arriver que, dans certaines circonstances, une personne ne cotise pas durant une certaine période, lors d’un séjour à l’étranger ou si elle a omis de verser ses cotisations durant ses études notamment. Ces lacunes de cotisations peuvent entraîner une diminution importante de la future rente. Toutefois, il est possible de les combler dans les cinq ans qui suivent l’absence de cotisations.
Attention: une fois ce délai passé, la lacune ne pourra plus être comblée, même en continuant à travailler après l’âge ordinaire de la retraite.
A noter également: pour combler les lacunes de cotisations datant d’avant 1979, l’AVS «offre» aux assurés un à trois ans de cotisations.