En Suisse, 12% de la population souffre de troubles de l’audition, mais seul un dixième des personnes concernées par ce problème recourt à l’aide d’un appareil. Porter une prothèse auditive, c’est accepter d’afficher sa surdité. Un pas difficile à franchir, qui explique peut-être cette faible proportion. Il semblerait aussi que certains malentendants renoncent à cause du temps et du nombre d’essayages, puis de réglages nécessaires pour trouver l’appareil le mieux adapté à leur perte d’ouïe.
Du coup, une fois le bon modèle trouvé, ils n’ont guère envie, ni parfois les moyens d’en changer. Aussi, lorsqu’on s’aperçoit que son appareil auditif n’est pas compatible avec les nouvelles technologies, malgré les promesses du fabricant, la déception est grande.
C’est la mésaventure qui est arrivée à Simone Jeannet, présidente de l’Association des malentendants de La Côte, à Morges. Désireuse d’améliorer son quotidien et celui de ses amis membres, elle s’est intéressée à un appareil d’aide auditive supplémentaire de la marque Phonak, sorte de radio-récepteur miniaturisé associé à un micro qui capte le son directement à la source. Le «Smartlink», qui utilise la technologie «bluetooth» (moyen de transmission sans fil aussi utilisé pour les PC ou les téléphones portables), se branche sur l’appareil auditif de base et agit comme un amplificateur. Grâce à cette aide supplémentaire, il suffit de placer le micro autour du cou d’un conférencier, par exemple, pour que ses paroles ne soient plus couvertes par le bruit ambiant de l’assemblée.
Partager les frais
Selon Phonak, le «Smartlink» est compatible avec la plupart des appareils auditifs, toutes marques confondues. Convaincue par cet argument et par le confort d’écoute accru offert par le «Smartlink», mais rebutée par les quel-que 3000 fr. à débourser, Simone Jeannet envisage un achat en commun. «L’idée était que l’association achète cet appareil et qu’elle le prête ponctuellement aux membres, lorsqu’ils en ont besoin pour une situation spéciale.» Mais cette belle initiative ne va pas connaître le succès espéré: en effet, suivant les appareils, il est impossible de régler le volume d’écoute sans une manipulation de l’audioprothésiste, voire même du fabricant. Ce qui réduit considérablement les possibilités de prêt et qui fâche franchement Simone Jeannet, qui a l’impression d’avoir été trompée sur la marchandise.
Chez Phonak, on reconnaît que le volume du «Smartlink» ne peut pas être ajusté directement par le client si son appareil auditif ne comporte pas de potentiomètre. «Et surtout, nous n’avions pas prévu le cas de figure où des personnes se prêtent l’appareil, concède Pierre Kohler, chef du département des ventes. Dans le cas d’une prothèse individuelle, les audioprothésistes ou nos techniciens peuvent remédier au problème du volume par une simple reprogrammation.»
Le marché pour ce type d’appareils étant relativement restreint, il n’y a guère de chances pour que Phonak étudie un modèle compatible avec les appareils auditifs sans potentiomètre. Il ne reste donc plus qu’à se documenter de manière très complète, avant de faire l’acquisition d’un «Smartlink». Jacqueline Favez