L’obsolescence programmée ou comment réduire volontairement la durée de vie d’un produit. Est-ce une peur d’écologistes légèrement paranoïaques ou un réel danger pour les consommateurs? Ce dont on peut être sûr, c’est que les appareils électriques, malgré une technologie toujours plus innovante, ne sont pas plus résistants de nos jours. Et cela n’est pas toujours dû à une panne irrémédiable.
Ceux qui s’obstinent à utiliser l’iPhone 3, par exemple, ne peuvent plus le mettre à jour ou utiliser certaines applications. Et, lorsqu’un petit problème de batterie apparaît, il est pratiquement plus avantageux d’acheter un téléphone neuf que d’essayer de la remplacer. La marque à la pomme n’est bien évidemment pas la seule à inciter ou à contraindre les consommateurs à se débarrasser de leurs objets pour en acquérir de nouveaux. Avec l’essor des nouvelles technologies, ce sont donc des montagnes de déchets électroniques qui s’accumulent dans les décharges.
Demande identique en Europe
Afin de lutter contre cette surconsommation aussi néfaste pour notre portemonnaie que pour l’environnement, les Verts ont demandé au Conseil fédéral, à la fin de septembre 2012, de présenter un rapport «évaluant l’efficacité, la pertinence et les potentiels des mesures existantes et envisageables pour optimiser la durée de vie et d’utilisation des produits».
Ce parti aimerait notamment que les garanties minimales soient petit à petit allongées de deux à cinq ans. Le 23 avril dernier à Bruxelles, Europe Ecologie Les Verts (EELV) a également proposé une loi sur l’obsolescence programmée avec la même demande sur la garantie constructeur.
En France, aussi, le débat fait rage. Mais le ministre en charge de la Consommation, Benoît Hamon, n’est pas convaincu par cette mesure. Il préférerait que les consommateurs soient mieux informés de l’existence et de la longueur de la garantie ainsi que de la possibilité de trouver des pièces détachées.
Des constructeurs vantent leur durabilité
Face à ces diverses actions, certains fabricants réagissent déjà en dénonçant le «mythe» de l’obsolescence programmée. Selon eux, un allongement à cinq ans serait préjudiciable aux consommateurs, puisque cela ferait augmenter le prix de vente. Mais d’autres, confiants dans la qualité de leurs produits, ont déjà mis en place des garanties de cinq ans et plus (voir encadré).
Quelques marques suisses jouent le jeu de la durabilité, comme Victorinox ou Kuhn Rikon (photo). Dans l’électronique, Logitech proposait des produits garantis cinq ans, comme, par exemple, le clavier sans-fil K350. «Nous avions l’habitude d’offrir fréquemment cinq ans de garantie, explique sa porte-parole, Laura Scorza, mais nous avons récemment décidé de nous rapprocher de la norme de l’industrie qui est de deux ans.» Logitech est toutefois plus généreuse que d’autres puisqu’elle fixe à trois ans la protection acheteur sur la plupart de sa gamme.
Les consommateurs seraient donc avisés de se renseigner et de choisir des produits dont la protection contre les défauts ou les pannes est plus longue. Afin de faciliter cette sélection, le site français www.garantie5ans.com a vu le jour il y a peu. Il liste toute une série d’appareils – de l’outillage aux TV de la marque japonaise Funai (photo) – qui disposent d’une garantie de cinq ans ou plus.
Loïc Delacour
EN DÉTAIL
Gare aux extensions de garantie!
Pour une protection plus longue contre les défauts ou les pannes, les revendeurs proposent souvent des extensions de garantie d’un an ou plus. Un business juteux pour les enseignes qui touchent alors une marge, comme l’expliquait notre enquête (lire «Extensions de garantie: non merci!», BàS 12/2011). Mais, lorsque le constructeur propose de son propre chef une garantie de cinq ans, les magasins peuvent la répercuter ou non sur la garantie vendeur. Ainsi, en France, Darty continue de vendre des aspirateurs traîneaux Dyson avec une garantie de deux ans, même si le constructeur propose trois ans de plus pour les mêmes appareils (photo). L’enseigne essaie ainsi de vendre son extension de trois ans sur laquelle elle touche de l’argent. Il convient donc de bien se renseigner sur la garantie constructeur des produits, lors de l’achat.