La galère des femmes aux petits pieds
Les femmes vivant sur de petits ou de grands pieds sont souvent frustrées: les fabricants de chaussures limitent le nombre de modèles pouvant leur aller comme un gant.
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Bon à Savoir 02-1997
05.11.1997
Ellen Weigand
C’est à croire que les femmes ont des pieds toujours plus grands! Françoise Godillot (nom d’emprunt) est exaspérée, comme à chaque fois qu’elle cherche une paire de chaussures. Car la Lausannoise chausse du 35.
«Certains magasins n’en vendent plus du tout. D’autres offrent un choix de pointures 35 toujours moins grand. Alors imaginez quelqu’un qui chausse du 34! Et chez les enfants, mis à part les baskets ou les ballerines, on ne peut pas acheter de chaussures adapté...
C’est à croire que les femmes ont des pieds toujours plus grands! Françoise Godillot (nom d’emprunt) est exaspérée, comme à chaque fois qu’elle cherche une paire de chaussures. Car la Lausannoise chausse du 35.
«Certains magasins n’en vendent plus du tout. D’autres offrent un choix de pointures 35 toujours moins grand. Alors imaginez quelqu’un qui chausse du 34! Et chez les enfants, mis à part les baskets ou les ballerines, on ne peut pas acheter de chaussures adaptées aux adultes, notamment à hauts talons.»
Parfois, la jeune femme trouve des chaussures qui lui plaisent en pointure 35,5. «Dans ces cas, les vendeuses me conseillent d’acheter une semelle pour compenser la différence. Ce qui coûte encore 15 à 20 francs de plus. Et je ne m’y sens jamais aussi bien que dans une chaussure à ma pointure.»
Nous avons accompagné Françoise Godillot dans plusieurs magasins lausannois. Chez Botty, la première pointure affichée est du 35/36. Mais la quasi-totalité des modèles exposés sont en réalité du 36, voire du 37. Et il ne s’agit pas d’un simple problème de rangement, comme l’admet Carmen Rageth du service de comptabilité à la direction de Botty (Berne): «Cet affichage ne correspond effectivement pas à la réalité. Nous ne commandons que très peu de modèles en 35, vu que la demande est très faible. Et en général, les chaussures pour dames ne sont produites qu’à partir de la pointure 36.»
Pointures marginales
Dosenbach offre une longue rangée de rayons de chaussures en 36, mais un seul étalage avec des modèles en 35. Même tableau au Sabot d’Argent et chez Bata. «Il est vrai que nous avons moins de 35 qu’avant», commente Michael Neugel, responsable des ventes chez Bata. Nos assortiments ne comportent que 3 à 5% de cette pointure, tout comme pour les 41-42, qui sont aussi des pointures marginales. L’essentiel de notre choix est constitué des pointures 37 à 39. Nous avons d’ailleurs fait un test d’un an, où nous avons livré tous les modèles en 35, en 41 et en 42. A la fin de l’année, les 30 à 40% des invendus de nos magasins étaient constitués par ces pointures», explique M. Neugel.
Gillon-Rey se distingue
Parmi les magasins visités, ce n’est que chez Gillon-Rey que nous avons découvert
quelques modèles de pointure 34, et deux rayons de 35. «Je sais que c’est un problème, approuve Claudine Reymond, acheteuse chez Gillion-Rey à Lausanne. Je me bats d’ailleurs continuellement avec les fabricants pour obtenir des modèles en petites pointures. C’est d’ailleurs encore plus difficile d’obtenir du 41 ou du 42. Et les rares grands modèles qu’on trouve sont pour la plupart des chaussures dites confortables, donc pas très modes.
»L’explication est simple, poursuit Mme Reymond: les fabricants de chaussures haut de gamme et chères livrent généralement des modèles entre 34 et 42. Les fabricants vendant de grandes quantités à meilleur prix se limitent quant à eux aux 36-40. Car les petites ou grandes tailles sont difficiles à rentabiliser, vu qu’elles se vendent beaucoup moins et que la seule fabrication d’un moule pour une pointure coûte déjà environ 100 000 francs.
»Je comprends parfaitement que ce manque de choix puisse exaspérer les femmes chaussant très petit ou grand. De plus, quand elles trouvent une paire qui leur plaît, elle n’est souvent disponible qu’en une seule couleur, ou avec un talon trop haut ou trop plat. Mais elles devront malheureusement continuer à se contenter des modèles existants.»
Ellen Weigand