Imaginez une personne déversant un monceau de 10 000 lettres devant un office postal en priant le buraliste de procéder à leur expédition! Ce qui semble a priori impossible avec le courrier classique n’est (presque) qu’un jeu d’enfant sur Internet.
Il est en effet aisé d’expédier un même e-mail à plusieurs adresses. C’est même une démarche courante au sein des newsgroups, ces groupes de discussion où, par exemple, un passionné de modèles réduits trouvera à coup sûr à qui en parler dans le monde entier. Cherche-t-il des informations sur tel objet? Il peut envoyer une demande à tous les membres de tous les groupes, ce qui fait tout de suite passablement de monde... Passé un certain nombre, il risque donc de se faire remettre à l’ordre par l’administrateur de son serveur, car cette abondante distribution de courrier occupe les ordinateurs à un tel point qu’ils ralentissent, voire se bloquent provisoirement.
Les choses se compliquent encore lorsque ce genre d’invasion n’est pas la manœuvre d’un internaute inconscient, mais une attaque en bonne et due forme d’un serveur dans le seul but de nuire. Dans le langage cybernétique, on appelle ça du spamming et ceux qui s’y adonnent des spammers. Les techniciens de Blue Window, le plus gros provider de Suisse, savent de qui on parle: ils ont subi l’an dernier de nombreuses attaques de spammers, avec une paralysie mémorable de leur système
e-mail à la clé.
Engorgement garanti
«Ce n’est pas à la portée de tout le monde, précise toutefois Francis Cobbi, codirecteur de VTX Services, à Pully. Un spammer doit rester anonyme pour lancer ces attaques, sinon il se fera facilement contrer. Il doit donc «se déguiser», en confisquant l’adresse IP d’un client du serveur visé, ce qui demande de sérieuses connaissances en informatique.» Une fois au cœur du système, il ne reste plus à l’intrus qu’à demander à l’ordinateur d’expédier par exemple 10 000 messages. Engorgement garanti!
Et lorsqu’il y a engorgement, tout le trafic est ralenti. Parfois même, il est immobilisé. Or, sur Internet, le temps, c’est aussi de l’argent (prix de la communication). Les techniciens d’un serveur n’ont-ils vraiment aucun moyen de riposter? «Il y a quelques mois encore, répond Francis Cobbi, il fallait souvent se résoudre à une longue et lourde intervention manuelle au cœur de la machine. Mais des logiciels (des sortes de filtres) de plus en plus performants permettent aujourd’hui une bonne protection. Jusqu’à ce que les spammers trouvent autre chose. Car dans ce monde, tout bouge, au bon comme au mauvais sens du terme!»
Christian Chevrolet
dossier bon à savoir
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