Petite baie rouge issue d’un arbuste qui pousse dans les tourbières d’Amérique du Nord et du Canada, la canneber-
ge d’Amérique, commercialisée sous le nom de cranberry (lire l’encadré), est moins connue en Europe que ses cousines: la myrtille et l’airelle.
La chair de la cranberry est ferme et croquante. Son goût étant acidulé, on trouve rarement ce fruit frais (ou congelé) mais plutôt sous forme de jus ou de nectar, séchés, dans des barres de céréales ou même dans des bonbons. En Amérique du Nord, elle entre dans la composition de compotes, de chutney ou accompagne la traditionnelle dinde de Thanksgiving, à la fin de l’automne.
Contre des infections
Depuis quelques années, la canneberge d’Amérique suscite un certain engouement, car plusieurs études se sont penchées sur ses bienfaits. Il est ainsi admis que sa consommation permet d’empêcher la fixation de bactéries dans les voies urinaires, prévenant ainsi les infections urinaires (cystites) chez les femmes ou diminuant leur nombre et leur fréquence. Cette action préventive est due à la quantité importante d’antioxydants contenus dans cette baie (les proanthocyanidines ou PAC). Par ailleurs, le mécanis-me d’antiadhésion serait également profitable à l’estomac en limitant l’infection par Helicobacter pylori, principal responsable des ulcères gastriques.
Or, une récente étude française va plus loin et affirme que les effets bénéfiques de la cranberry sont liés à la quantité consommée. Autrement dit: plus on en boit et plus son efficacité augmente. Il n’en fallait pas plus pour que l’industrie alimentaire multiplie les produits, notamment les jus, à base de canneberge nord-américaine.
Slogans interdits
En Suisse, contrairement à la France, il est interdit de faire figurer sur les étiquettes des arguments vantant les propriétés préventives ou curatives d’un aliment. C’est la raison pour laquelle seuls les produits vendus hors de nos frontières, ou sur internet, affichent des slogans du type: «contribue à diminuer la fixation de certaines bactéries E. Coli sur les parois des voies urinaires».
En revanche, aucune étude ne fait le point sur la quantité de substance active exacte qu’il faut consommer pour bénéficier de ses effets préventifs.
Pas un médicament
La cranberry ne constitue donc pas un médicament mais un aliment riche en antioxydants, en vitamine C (environ 13 mg pour 100 g de baies fraîches) et d’un faible apport calorique (46 kcal). Consommer des produits qui en contiennent est certes une bonne chose, mais axer son alimentation sur un même produit pour ses vertus thérapeutiques, c’est oublier que la santé passe par une nourriture équilibrée et diversifiée. Chaque denrée a sa place: les fraises, par exemple, sont une excellente source de vitamine C, les abricots contiennent beaucoup de carotènes, alors que les poires sont très riches en fibres. A chacun d’équilibrer son alimentation au gré des saisons.
Doris Favre,
diététicienne diplômée
appellation
Deux variétés distinctes
La cranberry ou canneberge d’Amérique du Nord (Vaccinium Macrocarpon) est la seule variété cultivée intensivement dans le monde. On la récolte en automne, généralement en inondant les champs. Les fruits détachés mécaniquement flottent alors à la surface de l’eau (photo). En Europe, on connaît une variété plus petite qui ne pousse qu’à l’état sauvage (Vaccinium Oxycoccus), mais dont les vertus préventives ne sont pas scientifiquement démontrées.