La collection perpétuelle
des Editions Atlas
Un lecteur s’est abonné aux fiches «Passion de l’Egypte». Sept ans après, sa collection lui a déjà coûté 1000 fr., mais reste incomplète. Légalement, il aurait dû être averti du coût final.
Sommaire
Bon à Savoir 05-2006
10.05.2006
Véronique Kipfer
Le 2 avril 1999, Meinhard Friedli, de St-Imier, reçoit son premier set de fiches «Passion de l’Egypte», des Editions Atlas. Sept ans après, sa collection est toujours incomplète. «La photo du prospectus de commande montrait quatre classeurs, explique-t-il. Mais quelques mois plus tard, je lis dans Bon à Savoir que les Editions Atlas augmentent régulièrement le nombre de fiches. Au téléphone, le service clientèle de l’entreprise me confirme ensuite que la collection comprendra ...
Le 2 avril 1999, Meinhard Friedli, de St-Imier, reçoit son premier set de fiches «Passion de l’Egypte», des Editions Atlas. Sept ans après, sa collection est toujours incomplète. «La photo du prospectus de commande montrait quatre classeurs, explique-t-il. Mais quelques mois plus tard, je lis dans Bon à Savoir que les Editions Atlas augmentent régulièrement le nombre de fiches. Au téléphone, le service clientèle de l’entreprise me confirme ensuite que la collection comprendra 65 envois. J’en suis actuellement à neuf classeurs et n’ai encore reçu que la moitié des envois annoncés!».
Le système Atlas
Comme d’innombrables autres clients, Meinhard Friedli s’est laissé piéger par le subtil système de fidélisation forcée des Editions Atlas. Ce dernier présente deux articulations:
> Appâté par un premier envoi bon marché de fiches, le client accepte de recevoir chaque mois un nouveau set de la même collection, mais plus cher. Cela, sans s’apercevoir que la carte de commande ne stipule pas le nombre total d’envois.
> Le premier set envoyé comprend des fiches prélevées dans diverses rubriques. Mais rien n’indique que les suivantes arriveront également dans le désordre, obligeant le client à attendre en vain de compléter sa collection.
Le service clientèle d’Atlas confirme d’ailleurs: «La longueur de la collection varie en fonction du succès remporté». L’abonné ne peut ainsi connaître ni l’importance, ni le coût total de cette dernière.
Meinhard Friedli qui, pour sa part, a déjà déboursé plus de 1000 fr., s’est livré à un petit calcul: en tenant compte du numéro le plus élevé de chaque fiche qu’il a reçue – et dans l’hypothèse que les rubriques ne seront pas développées une fois encore – sa collection se montera à 1698 fiches. Soit un coût total de plus de 2000 fr. et un dernier envoi prévu en… 2012!
Procédé illégal
«Ce système de vente représente une infraction à l’Ordonnance sur l’indication des prix, s’insurge Guido Sutter, du service juridique du Seco (Secrétariat d’Etat à l’Economie). Les Editions Atlas doivent indiquer sur la carte de commande le coût total de la collection et mentionner qu’elle n’est pas limitée et que les fiches sont envoyées dans le désordre.»
«Du fait que les collections peuvent être complétées, nous n’avons pas la possibilité d’indiquer un nombre total d’envois, qui constituerait pour nous un cadre définitif», argumente André Léglise, directeur des Editions Atlas Suisse, qui ne semble pas ébranlé par le caractère illégal du procédé. Il admet néanmoins qu’il aurait dû avertir les abonnés de l’ajout de fiches «Egypte». «Mais nous pensions qu’ils auraient du plaisir à profiter d’une collection de référence (sic!).» Il propose toutefois à notre lecteur de le rembourser, «puisqu’il revient moins cher d’indemniser quelques clients mécontents que de faire réimprimer les fiches manquantes».
Légalement, le Seco pourrait dénoncer le procédé au canton sur plainte des consommateurs. Mais ces derniers peuvent aussi agir directement:
> En dénonçant le système à la police du commerce cantonale, en spécifiant qu’il y a infraction à l’Ordonnance sur l’indication des prix et en produisant les preuves (cartes de commande).
> En déposant une plainte civile – payante et souvent fastidieuse – à leur lieu de domicile ou mieux, une plainte pénale pour publicité trompeuse (avec lettre de dénonciation et preuves) gratuite, auprès de n’importe quel poste de police du canton qui transmettra le dossier à l’autorité compétente.
> En portant plainte pour publicité trompeuse auprès de la Commission suisse pour la loyauté, lorsqu’ils reçoivent d’autres talons de commande d’Atlas. Véronique Kipfer
(1) www.lauterkeit.ch, Commission suisse pour la loyauté, Kappelergasse 14, 8001 Zurich