«Il est temps de parler d’argent. Une attitude synonyme d’engagement. Cette affiche nous coûte 3456 fr.». Voilà ce qu’on peut lire sur l’une des nombreuses publicités de la Banque Cler, qui couvrent les murs des rues suisses depuis des semaines. Pour lancer son nouveau nom, l’ex-Banque Coop veut donc jouer la transparence. La démarche est intéressante, puisqu’elle permet au quidam de découvrir, dans sa ville et dans son quartier, les prix indécents payés par les entreprises pour vanter les mérites de leurs nouveaux produits.
Pour ceux qui sont déjà clients de la Banque Cler, comme moi, cet étalage de montants exorbitants donne en revanche le tournis. Ainsi, sur les quelques centaines de mètres qui séparent la gare de la rédaction, je me rends compte que ma banque a déboursé plus de 10 000 fr. en publicité. On en viendrait presque à se demander si elle n’aurait pas pu, à la place, baisser certains de ses frais ou remonter un tantinet les taux d’intérêts de ses comptes.
Mais cette façon de penser est bien égoïste. Car, en vérité, la banque veut «lever le tabou sur l’argent en Suisse». Et puis, la transparence, c’est important! Enfin… pas tant que ça. Car, quand j’essaie de me renseigner sur le coût total de la campagne et sur le montant par client que cela représente, la porte-parole préfère ne pas me donner de chiffres. Elle m’explique que ces affiches ont simplement pour but d’engager un dialogue ouvert et informel sur l’argent et les finances personnelles. En clair, la banque veut bien parler de la manière dont, nous, consommateurs, gérons notre argent, mais impossible de savoir comment elle utilise nos économies. Transparence, oui, mais dans un sens seulement…
Bernard Utz