Fin avril, Scream 3 est sorti dans les cinémas romands. Bien des adolescents en mal d’émotions fortes se pressent à l’entrée des salles, mais sont refoulés parce qu’ils ont moins de 16 ans. C’est aussi le cas d’Alessia, 13 ans. «J’ai vu le premier Scream en vidéo, et je ne comprends vraiment pas pourquoi l’âge légal est de
16 ans. Qui décide et selon quels critères?» demande notre jeune lectrice cinéphile.
Fédéralisme oblige, chaque canton a sa législation et son organe de contrôle. Vaud et Genève disposent de commissions de contrôle des films qui collaborent et visionnent les pellicules à tour de rôle. Composées de per-
sonnes en contact professionnel avec des enfants, leur rôle consiste en réalité à... abaisser l’âge minimum légal, fixé à 16 ans. A côté de l’âge légal (réd. en gras dans les journaux), les commissions indiquent encore l’âge suggéré. Une indication sur la maturité nécessaire à l’enfant pour com-
prendre un film, afin d’éviter qu’il ne s’ennuie.
«Nous visionnons les films sur demande des exploitants ou des distributeurs, explique François Corthésy, président de la commission vaudoise. Nous ne faisons pas de la censure, mais voulons protéger les jeunes et fournir des indications aux parents.» Protection qui, dans le canton de Vaud, pourrait un jour s’appliquer à la location de cassettes vidéo, selon un projet de nouvelle loi sur le cinéma.
Les autres cantons romands se calquent sur l’âge conseillé par Genève et Vaud. Tout en gardant leur indépendance, d’où parfois des différences cantonales.
n Critères
Parmi les critères pour déterminer un âge légal: la violence, la sexualité très explicite, la manipulation idéologique ou psychologique, telle l’incitation au racisme, et la grossièreté. On considère aussi le fait que certains films sont à prendre au second degré, mais compris au premier degré par un enfant trop jeune.
Afin d’adapter au mieux l’âge à la réelle maturité des adolescents, Vaud et Genève réfléchissent par ailleurs à la réintroduction de la limite de 14 ans, en plus des actuels 12 et 16 ans.
Les exploitants sont censés faire respecter l’âge légal. Et encourent une amende, par exemple jusqu’à 1000 fr. dans le canton de Vaud. Ils peuvent exiger une pièce d’identité et refouler les jeunes le cas échéant. Même s’ils sont accompagnés! En théorie, les accompagnateurs, et les enfants, sont d’ailleurs aussi amendables! Seul Genève admet une marge de deux ans pour les jeunes chaperonnés.
En pratique, les lois sont plus ou moins respectées: à Neuchâtel, aucun enfant trop jeune, même accompagné, ne passe le seuil des salles. Chez Métrociné, Miguel Stucky explique que les parents accompagnant une progéniture trop jeune y sont rendus attentifs, mais pas refoulés. Janine Walser, responsable des salles sédunoises, estime que ce n’est pas aux cinémas de faire la police. A Fribourg des exploitants font signer une décharge aux parents pour éviter l’amende en cas de contrôle. Toutefois, le chef
de la police du commerce fribourgeoise, comme d’autres responsables interrogés, n’ont jamais vu un tel contrôle.
Ellen Weigand