Lucie, 15 ans, reçoit un message de sa copine l’invitant à participer au jeu en ligne «Devine qui t’aime en secret!» Ni une, ni deux, elle se rend sur le site web en question. Une page ludique l’incite alors à inscrire son numéro de mobile afin de connaître l’identité de l’amoureux secret. Et il faut faire vite: un compte à rebours de 30 secondes laisse croire que la réponse s’envolera si l’inscription est effectuée trop tard. Lucie saisit alors son numéro de mobile et attend la réponse… Elle reçoit ensuite un SMS lui demandant d’envoyer «OK FUN au 993 pour découvrir qui t’aime en secret.» Après confirmation par SMS, la réponse tombe enfin: «François» est l’amoureux secret de Lucie.
Quelque temps plus tard, la facture de téléphone arrive chez les parents de Lucie, Christine et Yves Mathez, à Pontenet (BE). Ils découvrent que des messages, facturés 3 fr., ont été comptabilisés jour après jour. Le numéro incriminé est le 993, celui auquel avait répondu leur fille. Surpris, ils ont aussitôt appelé leur opérateur téléphonique. Celui-ci a expliqué que leur fille s’était abonnée à un service fourni par la société Echovox, à Carouge. En envoyant «STOP FUN» au 993, ils ont immédiatement pu arrêter cet abonnement, avant d’écrire leur mécontentement à Echovox.
Echovox se dédouane
La réponse de la société genevoise est claire: Lucie savait à quelle offre elle avait souscrit car, à la fin du message de confirmation reçu, il était écrit «abo.CHF3/sms.7sms/s.STOP FUN>993». Difficile pour une non-initiée de comprendre ce charabia. Il signifie, en fait, qu’il s’agit d’une offre d’abonnement à 3 fr. par SMS, pour lequel sept messages seront envoyés par semaine, résiliable en envoyant le message «STOP FUN.» Lucie n’a jamais reçu les messages quotidiens de l’abonnement en question, car elle n’avait pas configuré son mobile en mode WAP.
Dans son courrier, Echovox précise qu’en plus du SMS de confirmation, les conditions générales étaient clairement stipulées sur le site web de départ. C’est vrai, nous l’avons vérifié. Mais nous avons également constaté qu’il est impossible de lire attentivement ces conditions générales dans les 30 secondes imparties par le compte à rebours (même si ce décompte s’avère purement fictif, puisque celui-ci repart encore et encore une fois le temps écoulé).
Insistant sur la responsabilité des parents concernant l’utilisation d’un mobile par des mineurs, Echovox a toutefois consenti à rembourser, «à titre exceptionnel», l’intégralité des SMS facturés. Ce geste n’a pourtant rien d’extraordinaire, puisque le jeu est réservé aux personnes de plus de 18 ans (sauf accord parental), selon les propres conditions du site.
Pièges nombreux
Interpellé par Bon à Savoir, le directeur commercial d’Echovox, Rémi Ambert, n’a souhaité faire aucun commentaire sur cette affaire. Il a toutefois assuré que les clients sont systématiquement remboursés s’ils démontrent qu’ils n’avaient pas compris la nature de l’offre.
En fait, Echovox n’est pas l’auteur du jeu incriminé. Cette société, comme d’autres d’ailleurs, sert uniquement de service téléphonique pour ses clients. Par exemple, les personnes qui votent actuellement pour l’émission télévisée «Nouvelle Star» utilisent les services d’Echovox. Quant au jeu «Devine qui t’aime en secret!», il émane d’une société basée en Australie, dont le site web est hébergé aux Etats-Unis…
Plusieurs lecteurs nous ont écrit leur mécontentement concernant de tels pièges, qu’il s’agisse de jeux, de sites d’achat de sonneries mobiles, etc. Prudence donc avant de s’inscrire avec son numéro de portable!
Bloquer les SMS surtaxés
Tout le problème de ces pièges vient du fait qu’il est possible d’être taxé pour des messages reçus, comme nous l’expliquions le mois dernier (lire BàS 04/2009).
Sachez toutefois que les opérateurs sont tenus de renseigner leurs abonnés sur l’identité des fournisseurs de SMS surtaxés, ainsi que sur la procédure à suivre pour se désinscrire (en général, en renvoyant le mot «STOP» par SMS). Enfin, les opérateurs proposent également de faire bloquer ce type de services payants, afin de prévenir toute surprise.
Yves-Alain Cornu