Les trois principaux opérateurs suisses de téléphonie mobile, Orange, Sunrise et Swisscom, ont flairé le bon filon et font miroiter aux jeunes des offres tendance créées à leur image. Les moins de 26 ans (27 ans chez Orange) peuvent vite être happés par ces publicités qui vantent des forfaits particulièrement économiques. Orange Young parle d’abonnement «hallucinant» pour tous les moins de 27 ans. Chez Sunrise, ils sont «exceptionnels» et, quel que soit son choix, le jeune est «toujours gagnant». Quant à Swisscom, l’offre est «Xtra-classe» ou «Xtra-forte», avec des tarifs «clairs, simples et avantageux».
La Suisse est réputée pour ses prix exorbitants de téléphonie mobile et, en particulier, ceux du roaming (lire encadré ci-contre «Et le roaming dans tout ça?»). Les offres spéciales pour la jeune clientèle ne dérogent pas à la règle. Car, en y regardant de plus près, mis à part quelques exceptions, le jeune accro à son portable risque de recevoir une facture salée à la fin du mois, comme le démontre notre enquête menée avec nos confrères de l’émission On en Parle (RTS, La Première).
Hyperactif, accro au net et bavard
Pour y voir plus clair dans cette jungle des tarifs, nous avons établi le profil de trois utilisateurs de 18 ans, qui ont déjà un smartphone et veulent contracter un nouvel abonnement destiné aux jeunes (voir tableau). Le premier profil A vise l’utilisateur hyper actif dans tous les domaines. Par mois, il utilise 1 gigaoctet (Go), écrit 500 sms et téléphone 20 minutes chaque jour. Le deuxième, B , est surtout accro à internet: il a besoin de 2 Go mensuellement, mais, pour le reste, il est plutôt sage: 20 minutes de téléphone par mois et 50 sms. Enfin, le troisième utilisateur, C , ne s’intéresse pas vraiment au web: il utilise 100 mégaoctets (Mo), mais il adore téléphoner (30 minutes de conversation par jour) et envoie beaucoup de sms (1000 par mois).
Orange le meilleur marché
Comme on le voit dans le tableau, Orange cartonne dans deux cas sur trois en proposant les tarifs les plus avantageux. Sans doute parce que l’opérateur propose des offres sur mesure où chacun peut adapter son abonnement en fonction de ses besoins. A l’inverse, Sunrise se retrouve à deux reprises en dernière position. Si le jeune est très bavard (30 minutes de téléphone par jour), il va ainsi débourser jusqu’à 299 fr., ce qui est plus cher, dans un tel cas, que certaines cartes Prepaid (Coop mobile Prepaid, par exemple).
Face à ces résultats, Sunrise affirme que les profils choisis ne s’appliquent pas du tout à l’usage normal que font les jeunes de leurs mobiles. Et que, en plus, la distribution des minutes entre son propre réseau, celui des autres opérateurs et le fixe ne correspond pas à la réalité. Selon Sunrise, la majeure partie des conversations a lieu sur son propre réseau, les amis optant normalement pour le même opérateur. Selon Pascal Martin, éditeur du blog spécialisé www.scal.ch, si un tel argument est valable pour Swisscom, il l’est moins chez Sunrise qui ne compte pas autant d’abonnés.
Du côté de Swisscom, son porte-parole, Christian Neuhaus émet des réserves quant au nombre de minutes de conversation que nous avons retenu dans nos profils A et C (respectivement 600 et 900 minutes). Selon lui, les clients téléphonent en moyenne quelque 120 minutes par mois.
Evaluer son utilisation
Rappelons à ce propos que nos résultats s’appliquent à trois scénarios bien précis. Par conséquent, ils sont évidemment susceptibles de varier en fonction de l’utilisation qui est faite de son mobile.
Avant de choisir une offre, il vaut donc la peine d’évaluer le nombre de minutes passées au téléphone, la quantité de sms envoyé, mais également la consommation de données (lire encadré ci-contre).
Surf avec Sunrise: attention!
S’il est possible de conclure, chez Orange, un abonnement avec 3 Go inclus (compter 35 fr. de plus par mois), chez Swisscom, le maximum disponible avec l’offre «Natel xtra L» est de 1.5 Go (taxe de base à 45 fr.). Ainsi, pour éviter de débourser 10 ct. pour chaque Mo supplémentaire, celui qui a besoin de 2 Go par mois a tout intérêt à opter pour le «Natel xtra S» (15 fr.) et d’y ajouter l’option «Natel Surf flat» (59 fr.), qui permet un accès illimité à internet, comme nous l’avons calculé dans notre tableau. Le géant bleu est par ailleurs le seul des trois opérateurs à ne pas proposer de forfaits sans inclure de données. Le 1er mars, il a en effet revu ses trois abonnements pour les jeunes en favorisant le volume des données et le nombre de sms inclus, au détriment des appels gratuits (lire l’article «Appels gratuits à la trappe chez Swisscom», publié dans la rubrique Actu online du 28.2.2012).
Quant à l’offre «MTV mobile next» de Sunrise, elle inclut un accès illimité à internet. Mais attention: dès que l’utilisateur dépasse 500 Mo, le débit est réduit à un tel point qu’il est impossible de visionner des vidéos.
Les astuces pour économiser
Tant au niveau du surf que des sms, des alternatives existent pour économiser quelques sous. Quand on va sur le net avec son smartphone, il est vivement recommandé de se connecter à un wifi gratuit dès que l’occasion se présente. De la sorte, le téléphone ne puisera plus dans le pack des données de l’abonnement.
Quant aux sms, il existe aujourd’hui plusieurs services «gratuits» pour les smartphones, com me iMessage, Chaton ou encore WhatsApp Messenger. Pour fonctionner, ces applications se servent d’internet, elles pompent donc des données, mais en petite quantité. A noter que iMessage n’est disponible que pour les modèles Apple (iPhone) dotés d’un système d’exploitation de dernière génération (iOS5).
Marie Tschumi
Bonus web:consommation de données
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
DANS LE DÉTAIL
Consommation de données
Pour beaucoup, il est très difficile de quantifier les activités courantes sur internet. Nous avons donc utilisé un compteur de données permettant d’y voir plus clair et de quantifier le poids de chaque opération *.
Avant tout, il faut savoir que l’octet est l’unité de mesure principale pour quantifier les données. Pour éviter les chiffres avec une interminable succession de zéros, on passe de l’octet aux unités de mesure supérieures. Exprimées en français par ko ou Mo par exemple et kB ou MB en anglais:
> 1000 octets = 1 kilooctet (ko ou kB)
> 1000 ko = 1 mégaoctet (Mo ou MB)
> 1000 Mo = 1 gigaoctet (Go ou GB).
Plus concrètement, un utilisateur avec un abonnement qui inclut 100 Mo peut cumuler le téléchargement d’environ:
> 60 pages web;
> 10 minutes de vidéo;
> 50 mails avec pièces jointes moyennes.
Et, avec 1 Go (1000 Mo de données), il peut bénéficier de quelque:
> 400 pages web;
> 2 heures de vidéo;
> 400 mails avec pièces jointes moyennes.
À l’ÉTRANGER
Et le roaming dans tout ça?
Les abonnements pour les moins de 26 ans n’intègrent pas de conditions particulières pour les communications passées à l’étranger (roaming). Une fois la frontière passée, les jeunes sont donc taxés au même titre que les autres utilisateurs. Avant de partir à l’étranger, il vaut donc la peine, selon la durée prévue du séjour, de jeter un œil aux offres spéciales comme «World Option flex» chez Swisscom, «Travel» chez Orange ou «Sunrise roaming», pour limiter les frais. A défaut, le montant de la facture peut vite atteindre des sommets.
Un abonné chez Swisscom qui passe sesvacances en Grèce va ainsi payer 80 ct. la minute s’il appelle quelqu’un qui se trouve en Suisse, 40 ct. pour un appel entrant, 40 ct. pour envoyer un SMS et 1.40 fr. pour le téléchargement de 1 Mo de données. Mais ses concurrents font pire encore, puisque, dans la même situation, Orange facture 2 fr. pour une minute d’un appel sortant et 80 ct. pour un appel entrant. A noter toutefois que, avec l’abonnement qui inclut 1 Go, 2 Mo de données sont automatiquement offerts lors de séjours en Europe. Enfin, Sunrise exige jusqu’à 50 ct. pour l’envoi d’un SMS et 15.60 fr. pour le téléchargement de 1 Mo de données!
Les tarifs d’itinérance sont, comme on le voit, extrêmement onéreux et jusqu’à trois fois plus élevés que chez nos voisins européens. En septembre passé, le Conseil national a pourtant accepté une motion pour imposer des plafonds aux opérateurs suisses, inspirés de ceux fixés dans l’UE. Mais, depuis, c’est le statu quo.
Pour en savoir plus, découvrez notre compteur qui, en temps réel, permet de visualiser ce que les consommateurs suisses paient en trop à leurs trois opérateurs.