Vous êtes-vous déjà demandé si votre bureau était vraiment adapté à vos tâches et à votre corps? Un ergonome peut vous aider à y répondre. De notre côté, nous avons fait visiter la rédaction de Bon à Savoir à Vera Bustamante, également psychologue et spécialiste en sécurité du travail (1), à Lausanne.
Son verdict est implacable: le bureau de la soussignée est tout sauf ergonomique! Pire: il réunit la plupart des défauts que la spécialiste observe régulièrement dans les bureaux.
Or, ce qui peut sembler être un détail risque, à la longue, de causer des problèmes de santé: maux de dos, d’épaules, de poignets, de nuque, yeux secs, fatigue, migraines, etc. D’ailleurs, une récente étude de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail a qualifié de risque physique émergent le manque d’activité physique dû au travail à l’écran, avec une augmentation des troubles musculo-squelettiques.
Adapter le travail à l’individu
Pour réduire ces risques, le recours à un ergonome s’avère précieux. Encore méconnu, ce métier s’adresse à un très large public et a pour objectif d’adapter la place de travail (outils, espaces, organisation) à celui qui l’occupe (2).
Pour établir le bilan ergonomique, l’experte lausannoise observe les gestes et les habitudes de l’employé, ainsi que son environnement: ambiance, emplacement du bureau, disposition des dossiers, température, bruit, lumière, etc. «Chacun utilise des outils et des aménagements propres à ses fonctions et tâches. En les adaptant, on peut notablement faciliter ses tâches, souligne la jeune femme. Une téléphoniste, par exemple, protégera sa nuque en utilisant un casque sans fil. L’archiviste soulagera ses lombaires à l’aide d’un chariot pour transporter les dossiers.
Et quelqu’un qui travaille surtout assis ne devrait pas disposer d’une imprimante ou d’un fax à portée de main, note Vera Bustamante. Se lever pour aller chercher un document dans une autre pièce permet de rompre l’immobilité. D’ailleurs, toute personne employée dans un bureau doit se lever et bouger régulièrement pour prévenir les problèmes de santé.»
Solutions simples
Avec Vera Bustamante, l’entretien et l’évaluation avec le collaborateur durent de une à deux heures (3). Ensuite, la spécialiste rédige un rapport détaillé avec ses recommandations, photos à l’appui, qu’elle soumet d’abord à l’employé, puis à l’employeur.
Les solutions proposées, en discussion avec l’employé, sont souvent simples (changer la disposition des meubles et des affaires, changer de clavier, etc.) et peu coûteuses. Ainsi, la soussignée n’a dû acheter qu’un repose-pieds (env. 40 fr.) et un casque sans fil (env. 30 fr.) pour son téléphone, déplacer des meubles et modifier l’emplacement de ses classeurs et dictionnaires.
Des dépenses plus importantes, par exemple acquérir un siège plus adapté, peuvent largement en valoir la peine: «Il en coûtera bien moins cher que d’avoir à remplacer régulièrement un collaborateur souffrant de maux de dos et devant rester à la maison, souligne Vera Bustamante. D’ailleurs, de nombreuses absences en entreprise pourraient être évitées par des mesures de prévention simples.»
Ellen Weigand
(1) www.sante-au-travail.ch
(2) Adresses sur www.swissergo.ch
(3) Tarifs indicatifs: 250 fr./h
AVANT
Meubles à ordinateur
Eviter les tables spéciales pour ordinateur, tout sauf ergonomiques, car trop exiguës et trop basses. De même pour les tablettes coulissantes, situées sous le plan de travail. Leur surface est insuffisante pour faire des gestes aisés.
APRÈS
L’écran
Légèrement incliné, pour faire face à l’usager, l’écran est à placer perpendiculairement aux fenêtres et le bureau doit être éclairé avec des lampes adéquates, voire une lampe d’appoint, pour éviter les contre-jour et les reflets.
Repose-pied
Les pieds doivent être à plat au sol. Utiliser un repose-pied permet de varier la posture et de rehausser le sol pour les personnes mesurant moins de 1,65 m, si la table de travail ne peut pas être baissée. On doit pouvoir y poser tout le pied, et il doit être stable.
Clavier et souris
Le clavier doit être bien éclairé et placé de sorte qu’en l’utilisant les coudes soient à angle droit, sans avoir les poignets cassés. La hauteur du coude devrait être égale à celle du plan de travail ou légèrement supérieure. La distance du clavier au bord de table doit permettre de poser jusqu’à la moitié des avant-bras.
Les claviers ergonomiques, en forme de vague et munis d’appuie-poignets épargnent épaules, coudes et poignets. La plupart des claviers ont des petits pieds qu’on peut abaisser pour réduire l’angle du poignet.
Une souris optique est plus précise que la souris à boule. Cela permet d’éviter un excès de petits mouvements répétitifs du poignet qui sont très stressants. La souris devrait être utilisée dans la zone accessible par la main, sans avoir à allonger le bras.
Auto-évaluation
Si vous souhaitez effectuer une première évaluation de l’ergonomie de votre propre poste de travail, la SUVA met à disposition des questionnaires et des conseils, à télécharger gratuitement (www.suva.ch).
Table
Idéalement, elle est réglable en hauteur, voire inclinable, pour s’adapter à l’utilisateur, à ses tâches et permettre de changer de position et travailler debout aussi.
En travaillant face à l’ordinateur, les coudes devraient être à la hauteur du plan de travail ou légèrement au-dessus. Leur position devrait être à angle droit et les poignets dans l’axe de l’avant-bras (non «cassés»).
Chaise
Au minimum, on doit pouvoir régler la hauteur du siège et avoir une profondeur d’assise adaptée. Le dossier doit être réglable au moins en hauteur et en avant et en arrière. Enfin et surtout, le siège doit être muni de supports lombaires pour les longues heures en position assise. Les roulettes doivent être adaptées au type de sol (moquette, parquet, etc.).
Unité centrale
Même l’ordinateur le moins bruyant devrait être placé en dessous de la table et non pas dessus, pour réduire le bruit et éviter la chaleur et les vibrations.