«Investissez et gagnez sur les artistes de demain.» Grâce aux labels communautaires, tout un chacun peut désormais devenir producteur de musique sur le net et espérer gagner de l’argent. A condition, bien sûr, de miser sur le bon cheval.
Quèsaquo?
Ce genre de labels a fleuri un peu partout ces dernières années, en France (MyMajorCompany, NoMajorMusik, Spidart, ProduceMyLive) mais aussi en Hollande (SellaBand), en Belgique (Akamusic) ou encore en Grande-Bretagne (Slicethepie).
Si les positionnements (cartons médiatiques, musique alternative, comités de sélection, ouvertures à tous, etc.) changent, le mécanisme est, en revanche, toujours identique: un artiste, libre de droits et non signé dans une maison de disques, poste ses morceaux de musique en ligne. On les écoute et décide de miser sur lui – ou pas – en souscrivant des parts variant entre 5 et 10 euros selon les labels (voir tableau). Parts qui peuvent à tout moment être récupérées ou attribuées à un autre artiste, pour autant que le montant nécessaire à la production d’un album/single ne soit pas atteint; 31 000 personnes ont déjà endossé le costume de producteur sur le site belge Akamusic, pour un investissement total de 1,1 million d’euros (1,7 million de francs)!
Lorsque l’artiste atteint le seuil de production – entre 3000 et 100 000 euros (4550 à 151 700 fr.) selon les sites – l’enregistrement, la promotion et la diffusion de son premier album ou single sont alors pris en charge.
Partage de la cagnotte
De son côté, si l’internaute producteur vise juste, il peut espérer un retour sur investissement plus ou moins intéressant. Selon les plateformes, il récupérera entre 30% et 50% des revenus nets générés par les ventes, au prorata des montants misés. Le chanteur français Grégoire, découvert sur MyMajorCompany, a ainsi rapporté 12 fois la mise aux 347 internautes qui ont cru en lui. Une très jolie plus-value, pour ceux d’entre eux qui avaient parié jusqu’à 7000 euros (10 617 fr.) sur le jeune homme!
D’autres avantages sont également prévus: exemplaire de l’album en édition limitée, rencontres exclusives avec le chanteur, concerts gratuits, entre autres.
Sur le papier, cela paraît donc prometteur. Dans la pratique, toutefois, le système souffre de quelques failles: la plupart des sites ne rétribuent, en effet, l’internaute que sur la vente des disques, un secteur actuellement en pleine crise. Sans compter que le nombre de mises autorisées par personne est parfois limité et qu’on n’a jamais la certitude de voir son artiste produit un jour. Ainsi, seuls 11 des 525 inscrits sur Spidart, dont le groupe veveysan Tafta, y sont parvenus à ce jour! Et, sur Akamusic, 23 albums ou singles sont disponibles à la vente et une vingtaine d’autres sont actuellement en cours de production… pour un total de 7000 artistes répertoriés.
Bref, on l’aura compris, investir sur des artistes en devenir n’est pas forcément rentable. Mais contribuer à réaliser le rêve de quelqu’un, ça n’a pas de prix…
Chantal Guyon