Peur de se faire flasher au moindre dépassement de vitesse? Depuis quelques mois, plusieurs sociétés romandes fournissent des infos radars aux automobilistes contre monnaie sonnante et trébuchante. A l’heure où ces nouvelles entreprises multiplient les encarts publicitaires dans la presse et sur internet, nous avons comparé leurs services en collaboration avec l’émission On en parle (RSR La Première).
Radars sous la loupe
Au moment de notre test, quatre entreprises luttaient pour la conquête du marché romand: InZePocket (VD), Mobileone (NE), Inforadars (VD) et Mobiroad (VD). Elles ne sont désormais plus que trois puisqu’Inforadars et Mobiroad se sont regroupées sous une nouvelle entité intitulée Mogo, qui conserve néanmoins les deux types de services proposés par In-foradars (SMS) et Mobiroad (GPRS).
Les 12 et 17 janvier, nous avons relevé toutes les alertes radars émises par ces sociétés pour la Suisse romande. Les polices cantonales ont ensuite apposé sur nos listes les constats «signalement juste», «imprécis» ou «faux» et nous ont fourni une statistique de leurs contrôles radars mobiles.
Entre 28% et 34%
Les protagonistes se tiennent dans un mouchoir de poche. Bien loin d’être exhaustifs, ils ont annoncé à leurs abonnés entre 28 et 34% des radars mobiles effectivement posés. Conclusion de Jean-Marie Bornet, chef information et prévention de la police valaisanne: «Accorder une trop grande confiance à ces sociétés, c’est le meilleur moyen de se voir retirer son bleu».
La police mentirait-elle?
Mais que pensent les intéressés de leurs résultats? «Nous ne sommes pas une assurance tout risques, nous ne pouvons pas être exhaustifs», répond Serge Racine d’InZePocket. «Nous n’avons que quelques mois d’existence. Nous ne sommes pas encore au top», concède quant à lui Christophe Beyeler, de Mobileone. Chez Mogo, on avoue la surprise: «J’étais persuadé que nous annoncions 85 à 90% des radars posés. Ces résultats sont pour le moins surprenants au vu du nombre d’automobilistes susceptibles de nous informer», confie Jean-Michel Paux. Mogo dispose en effet d’un vaste réseau d’informateurs potentiels, composé des auditeurs de quatre radios locales avec lesquelles l’entreprise a signé un partenariat, ainsi que des abonnés des ex-Mobiroad et Inforadars.
Tentant d’expliquer leurs faibles résultats, certains de nos interlocuteurs se demandent si quelques polices n’auraient pas gonflé leurs statistiques pour les discréditer. «Elles sont parfaitement exactes», rétorque-t-on, un poil irrité, du côté des forces de l’ordre genevoises.
Jean-Michel Paux, de Mogo, avance encore une autre explication: «Les polices déplacent souvent leurs radars. Dans leurs statistiques, cela constitue autant de contrôles différents. Or, nous n’annonçons pas forcément les changements d’emplacement dans un rayon de quelques kilomètres, ceci pour des raisons de coût. Avec Inforadars (Mogo), chaque SMS est en effet facturé 20 ct. aux abonnés. Ceux-ci doivent alors s’attendre à ce qu’il y ait un radar dans un secteur proche d’un lieu déjà annoncé».
C’est la guerre!
Notre test a aussi montré un phénomène surprenant: les rivaux annoncent très souvent les mêmes radars dans des intervalles très proches. Chez Mogo, on ne mâche pas ses mots: «Mobileone nous copie!» Par quel moyen? «Ils pompent nos informations via des abonnements à notre système et utilisent les informations que nous mettons gratuitement à disposition des internautes sur différents sites web. Or, ces infos ne peuvent légalement pas être reprises à des fins commerciales.» La riposte ne se fait pas attendre: «Nous avons la conviction que toutes les sociétés qui diffusent des inforoutes via un téléphone mobile ont conclu un abonnement chez nous», argue Christophe Beyeler, de Mobileone. «La concurrence est très forte et tout le monde s’observe. Mais de notre côté, nous surveillons uniquement la technologie adverse, pas le contenu.» On le voit, la guerre des anti-radars ne fait que commencer.
Sébastien Sautebin
Faire le bon choix
Radios, web ou mobile
On peut trouver des infos radars gratuites sur internet. De même, les radios diffusent abondamment les appels d’automobilistes. Mais si l’on veut obtenir des nouvelles «en temps réel» sur son portable, il faut sortir son porte-monnaie. En gros, il existe deux systèmes. Le premier annonce les radars par textes SMS, l’autre fonctionne grâce à une application à télécharger. Cette dernière se présente sous la forme d’une minicarte routière consultable sur l’écran du portable. Pour obtenir une mise à jour des radars qui y sont signalés, il faut se connecter via GPRS.
Les services testés fonctionnent par abonnement minimal de trois ou six mois à l’exception d’Inforadars, qui permet une mise en service et une résiliation à tout instant, par l’envoi d’un SMS. Chaque alerte SMS coûte alors 20 ct. Une solution idéale pour une utilisation de quelques heures, mais chère sur le long terme.
N’oubliez pas non plus qu’un abonnement SMS peut déclencher une avalanche de messages. Quant aux systèmes GPRS, il faut avoir un mobile compatible, donc récent. Si l’on consulte souvent sa minicarte, un abonnement de téléphonie mobile avantageux en termes de connexion GPRS est plus que conseillé.
L’OFROU attaque
Interdiction?
Les polices romandes nous ont déclaré ne pas être opposées aux infos radars, considérant qu’elles ont un effet préventif. Tel n’est pas le cas de l’Office fédéral des routes (OFROU) qui vient d’interdire les alertes radars par GPS, jugées «trop précises» dans le signalement des radars.
L’OFROU veut même aller plus loin: «Nous comptons mettre en discussion une interdiction totale de tous les systèmes d’avertissement des contrôles, radars compris, lors de la prochaine révision de la Loi sur la circulation routière».
Anticipant une interdiction future, les intéressés développent différentes variantes, telles que les annonces météo et sportives.