S’il est un domaine où locataires et propriétaires tombent souvent d’accord, c’est bien celui des pigeons. En effet, ces volatiles dérangent les premiers, tout en nuisant aux bâtiments des seconds (sachant qu’un seul de ces oiseaux produit 12 kg de fiente par an!). Mais les pigeons bénéficient aussi d’un fort capital de sympathie et sont gavés par certains citadins. Du coup, ces oiseaux, tout comme les produits destinés à les éliminer, se multiplient…
Une lectrice du centre-ville de Genève nous a récemment fait part de sa déception après avoir aspergé son balcon d’un spray censé les faire fuir, mais qui s’est révélé inefficace. Pour Gérard Cuendet, biologiste en charge de la gestion des pigeons à Lausanne, ce n’est pas une surprise: «Les répulsifs olfactifs n’ont aucun effet. Si les pigeons se sentent bien à un endroit, il sera très difficile de les en déloger.» L’expert énumère toutefois les principales solutions (compter entre 500 fr. et 600 fr. pour un balcon bien protégé), la plus efficace étant, à long terme, de ne pas les nourrir (lire encadré).
> Les filets: c’est la meilleure protection physique contre les pigeons. Mais s’ils ne gênent pas les employés d’un bureau, il est plus difficile de convaincre des habitants de recouvrir leurs fenêtres de tels grillages.
> Les pics métalliques: conçus pour ne pas faire de mal aux pigeons (la Loi sur la protection des animaux interdit de les blesser inutilement), ils ne sont pas pointus et ont une certaine souplesse. Du coup, avec un peu de persévérance – dont ils disposent en quantité – les pigeons parviennent à casser les pics. De plus, ceux-ci peuvent être encombrés par des feuilles mortes qui réduisent leur effet. Ce système nécessite donc un entretien régulier pour bien fonctionner.
> Les fils: bien installés, ils gênent suffisamment les volatiles. Mais on imagine mal des fils tendus sur tout le sol d’un balcon. Ils sont donc plus adaptés aux corniches.
> Les dispositifs électriques: très coûteux, et parfois dangereux s’ils sont accessibles aux doigts humains. En outre, les dispositifs standards tombent souvent en panne.
> Les gels: ce sont des sortes de colle qui empêchent les pigeons de marcher sur les rebords enduits. Mais l’efficacité est assez faible, d’autant qu’une fois lavée par la pluie ou recouverte de poussière, la couche de gel perd toute sa viscosité.
> Les sprays répulsifs: des produits odorants qui se sont révélés sans grand effet lors de plusieurs expérien-ces observées par Gérard Cuendet.
> Les systèmes sonores: les pigeons s’adaptent sans problème aux bruits générés par ces appareils. Surtout que leur volume est très limité, puisqu’ils ne doivent pas non plus déranger les voisins…
> Les graines anticonceptionnelles: elles ont été abandonnées à Lausanne après plusieurs tentatives infructueuses. Les produits actuellement sur le marché ne sont pas assez efficaces.
> Les graines empoisonnées: elles sont interdites! Et inutile d’essayer la mort-aux-rats: la quantité ingérée par un pigeon est beaucoup trop faible pour lui nuire.
De manière générale, on trouve difficilement ces produits dans les grands commerces suisses. Mais de toute façon, la meilleure démar-che consiste à demander (de concert avec les autres habitants de l’immeuble si nécessaire) au propriétaire ou
à la gérance d’intervenir. Ils feront alors appel à un professionnel du dépigeonnage qui déterminera la solution la mieux adaptée au problème.
Yves-Alain Cornu
solution à long terme
En ville, ils n’ont pas besoin d’être nourris
Autrefois domestiqué par l’homme pour sa viande, puis pour sa qualité de messager, le pigeon est retourné à l’état sauvage en plein cœur des villes. Et en bon oiseau des falaises qu’il était à l’origine, il a colonisé corniches et lucarnes des immeubles.
C’est là tout le problème: contrairement aux autres volatiles, le pigeon ne niche pas dans les arbres et cause
ainsi de sérieux dégâts aux bâtiments.
Il est toutefois possible de réduire le nombre de ces oiseaux en ville, en cessant de les nourrir à l’excès. «Quoi qu’on fasse, il y a aura toujours une population de pigeons, assure Gérard Cuendet. Les nourrir ne fait donc que les multiplier.»
Avec les déchets alimentaires laissés par les humains et les graines arrivées naturellement en ville, les pigeons ont largement de quoi survivre sans aide. A la différence qu’ainsi, ils se reproduisent en quantité raisonnable, limitant les problèmes de façades. Et cela évite aussi de devoir installer des dispositifs anti-pigeons sur tous les rebords de fenêtre.
Pour ceux qui souhaitent toutefois nourrir les petits oiseaux, il est possible de le faire sans attirer une horde de pigeons. Il suffit d’utiliser une boule à mésanges, suspendue à l’extérieur.