Sur le plan actuariel, le débat est ouvert et personne ne peut prétendre avoir raison. Les rentes dépendent surtout – on le sait – de l’espérance de vie et du rendement du capital.
En l’état, il est incontestable que la durée de la retraite continue à augmenter. Mais dans quelle mesure? Pour y répondre, il n’existe pas moins de cinq tables! Or, nous constatons que, par exemple, celle des assureurs vie a une moyenne de 1,5 an supérieure aux autres, alors que la population sous revue est plus exposée que celle des autres caisses: elle devrait donc afficher une espérance de vie plus faible. Cela veut dire que les compagnies d’assurances introduisent une marge de sécurité vraisemblablement excessive et préjudiciable à une forte proportion d’assurés. Il serait donc temps que la Confédération établisse sa propre table, avec les données que toutes les caisses auraient l’obligation de lui fournir, et l’impose à tous les acteurs du 2e pilier.
S’agissant du taux de rendement, il n’y a strictement aucune raison de prétendre que le futur ne ressemblera pas au passé. Le monde ne se limite pas à la Suisse et les marchés financiers étrangers offrent d’intéressantes perspectives sans risques démesurés. Or, la spécificité d’un actuaire, c’est précisément de maîtriser le risque, alors que la tendance aujourd’hui est de vouloir le supprimer! Dans ce cas, franchement, les assurés n’ont pas besoin de nous… Conclusion: assurer un taux d’intérêt technique moyen de 4% ne nous pose pas de problème.
Au-delà de ce débat, nous estimons également que cette baisse est discutable. L’article 66 de la LPP précise en effet que le financement de la prévoyance professionnelle doit être paritaire. Et voilà que, par deux fois, les futures rentes sont diminuées uniquement sur le dos des assurés! Nous avons fait nos calculs: avec une augmentation de 0,5 à 1% des cotisations (0,25 à 0,5% pour chaque partie), qui resterait à la caisse en cas de retrait ou de libre passage, il est largement possible de faire fonctionner tout le système en conservant un taux de conversion de 7%. A-t-on demandé aux assurés s’ils ne préféreraient pas cette solution plutôt que de voir continuellement leur rente diminuer?
Propos recueillis par C.C.