Payer des bananes Max Havelaar quelques centimes de plus, qu’est-ce que ça change? remarque une consommatrice désabusée. Ça change tout, rétorquent les responsables de la fondation œuvrant pour le commerce équitable, qui fête ses dix ans cette année. Au Costa Rica ou en Colombie, le petit producteur sera payé jusqu’à trente pour cent de plus par kilo de bananes. Max Havelaar lui assurera par ailleurs un débouché pour ses produits. Il pourra ainsi vivre décemment, payer l’école à ses enfants et entretenir ses installations.
Globalement, tous produits confondus, les cultivateurs ont touché 40% de plus pour les marchandises écoulées par le biais de la fondation. Celle-ci agit sur deux tableaux: les prix minimaux et la prime de commerce équitable.
• Les prix minimaux améliorent les conditions de vie des petits producteurs respectant les critères de qualité de la fondation.
• La prime Max Havelaar permet de financer les projets collectifs d’une coopérative ou d’une grande plantation: formation professionnelle, soins médicaux, scolarisation des enfants, élimination des déchets.
Traditionnellement intéressée au sort des petits producteurs, la fondation s’est peu
à peu approchée des grands cultivateurs d’oranges, de thé ou de fleurs: pas pour leur garantir un prix minimal, mais pour améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers à l’aide de la prime.
Large gamme
En dix ans, la gamme des produits Max Havelaar s’est considérablement élargie: au café, miel, chocolat, sucre et thé sont venus s’ajouter les bananes, le jus d’orange, les fleurs et, tout récemment, le riz. La plupart de ces denrées existent aussi avec le label bio. «Nous encourageons la culture biologique, mais notre priorité reste le social», remarque Caterina Meier-Pfister, directrice de la communication.
La fondation prévoit de lancer un produit par année. Pour la première fois en 2001, elle a atteint l’autofinancement, preuve que le commerce équitable peut être rentable.
10% plus chers
Dans les commerces helvétiques, les prix des produits Max Havelaar sont en moyenne 10% (un peu plus pour
le café) plus élevés que ceux du commerce conventionnel. Mais certains grands distributeurs prennent eux-mêmes en charge ce surcoût, notamment pour les bananes.
Et la qualité? Bananes, jus d’orange, riz ou miel «équitables» n’ont rien à envier à leurs équivalents «conventionnels». Le chocolat et le café rencontrent davantage de critiques: «Les consommateurs restent parfois sur une mauvaise impression après avoir goûté une sorte de café, mais ne réalisent pas toujours qu’il existe une soixantaine d’autres variétés», regrette Caterina Meier-Pfister.
Le café est d’ailleurs la seule ombre au rapport d’activité de la fondation pour l’an dernier: contrairement aux autres produits, ses ventes n’ont pas augmenté, tandis que
les cours mondiaux du «pe-
tit noir» s’effondraient. Du coup, la rétribution minimale garantie au producteur par Max Havelaar est trois fois plus élevée que celle du marché (voir encadré Chaîne des coûts)!
Suzanne Pasquier
Chaîne des coûts pour le café
(en franc par kg)
Production Production
Max Havelaar conventionnelle
Revenus du petit
producteur 3,21 fr. 1,09 fr.
Transport et
investissements 2,62 fr. 1,98 fr.
Torréfaction
et emballage 3,77 fr. 3,44 fr.
Dépôt,
distribution 4,00 fr. 4,49 fr.
Licence
Max Havelaar 0,40 fr.
Prix en grandes
surfaces 14,00 fr. 11,00 fr.