Au tournant de la quarantaine, le cholestérol s’invite inévitablement dans les discussions. Mais personne ne sait très bien à quoi il sert, ni pourquoi il peut être bon et mauvais! Petit traité de physiologie pour apprivoiser cet indicateur de notre état de santé.
1 / Qu’est-ce que c’est?
Le cholestérol est une graisse indispensable à notre organisme. Il participe à la construction des cellules, à la production d’hormones et au fonctionnement du système nerveux.
2 / D’où vient-il?
Un tiers du cholestérol provient de l’alimentation (graisses animales présentes dans la viande, le beurre, les œufs, les produits laitiers). Le reste est fabriqué par le foie, à partir notamment des graisses saturées. Le taux de cholestérol varie ainsi selon l’alimentation, l’hygiène de vie (moins on bouge, plus on fume, plus on en a) et l’hérédité.
3 / Bon ou mauvais?
Le cholestérol est acheminé vers les tissus dans le sang, par des transporteurs spécifiques. Les LDL (low-density lipoproteins ou lipoprotéines de faible densité) vont le chercher à la sortie du foie et l’amènent aux cellules. Si ces véhicules sont trop nombreux, c’est la cohue.
Au retour, ce sont les HDL (high-density lipoproteins ou lipoprotéines de haute densité) qui évacuent les excédents de cholestérol pour les ramener vers le foie. Ces voitures-balais nettoient les artères au passage; il n’y en a donc jamais trop!
Ces deux chiffres figurent sur les résultats d’analyses: les premiers, les LDL, susceptibles de former des bouchons, sont appelés «mauvais» cholestérol. Les HDL sont qualifiés de «bon cholestérol», puisqu’ils libèrent les artères.
4 / Dangereux?
Si les LDL (mauvais cholestérol) sont trop nombreuses, elles se déposent sur les parois des artères. Au fil du temps, le diamètre de l’artère se rétrécit, causant l’athérosclérose. Le sang circule plus difficilement et des caillots peuvent se former, au risque de causer un infarctus ou une attaque cérébrale.
5 / Quelle valeur d’alarme?
Les taux de cholestérol (total, LDL et HDL) sont indiqués en grammes par litre de sang (g/l). Il n’existe toutefois pas de seuil d’alarme, car il faut pondérer ce chiffre avec d’au tres facteurs de risques, tels que l’âge, le poids, le sexe, l’hygiène de vie (tabagisme), l’état de santé (pression artérielle, diabète) ainsi que les antécédents personnels et familiaux (accidents cardiovasculaires).
Un taux de LDL de 1,1 g/l est ainsi normal pour une sportive de 35 ans, mais trop élevé pour un fumeur de 55 ans souffrant d’hypertension.
6 / Comment prévenir?
A l’apparition des premiers symptômes, il est trop tard pour agir. D’où l’importance de consulter régulièrement son médecin au-delà de 35 ans pour les hommes et de 45 ans pour les femmes.
A l’exception de ceux qui ont une prédisposition congénitale, une activité physique régulière et un régime sain assurent un taux de cholestérol normal. La recette miracle: une demi-heure de marche par jour, légumes et fruits variés, pain complet, poisson gras (saumon, sardines) et huile d’olive ou de colza. La viande et les produits laitiers sont à consommer modérément, les plats et desserts préparés à éviter.
7 / Comment guérir?
Si le taux de cholestérol est trop élevé, la première chose à faire est de repasser par la case prévention, qui donne, la plupart du temps, d’excellents résultats. Dans le cas contraire, le médecin prescrira un traitement médicamenteux, les statines.
8 / Les statines, la panacée?
Apparues dans les années 1970, les statines font baisser le taux de cholestérol. Ce traitement est aujourd’hui controversé pour deux raisons.
> Les éventuels effets secondaires, comme les douleurs musculaires, découragent la pratique d’une activité physique… pourtant bénéfique. Nombreux sont en outre ceux qui sont tentés de croire que le seul fait de prendre le médicament les dispense de vivre sainement.
> Le taux de cholestérol n’est pas seul responsable de l’athérosclérose; il ne suffit donc pas de le faire baisser pour écarter le risque d’infarctus.
Un consensus se dessine aujourd’hui pour réserver les statines aux catégories à risque ou aux patients qui ont déjà eu un incident cardiovasculaire. Dans tous les cas, il faut en discuter avec son médecin et ne pas interrompre le traitement sans lui en parler.
Claire Houriet Rime