Cofondée en 2004 par WWF et Migros, la Table ronde sur la production durable d’huile de palme (RSPO) se donne pour objectif d’enrayer la déforestation des forêts tropicales. Elle promeut les modes de protection durable de l’huile de palme, de la culture des palmiers à huile à la vente au détail de l’huile, en passant par l’achat de la matière première et la production. Selon le WWF, l’huile de palme durable offre ainsi la garantie qu’elle a été produite dans le respect des forêts tropicales et de la législation locale, ainsi que dans des conditions socialement responsables.
Forte de plus de 300 membres, la RSPO réunit aujourd’hui les principaux acteurs de la filière de l’huile de palme: planteurs de palmiers, producteurs et distributeurs d’huile de palme, détaillants, banques, investisseurs, organisations de protection de la nature et organismes de développement.
Migros et Coop bien classées
Depuis novembre 2008, de l'huile de palme certifiée selon les critères de la RSPO est disponible sur le marché européen. Mais seuls 20% de cette huile de palme certifiée ont été écoulés, à la déception des producteurs concernés. Bonne nouvelle, cependant: en réalisant un classement de 59 entreprises européennes acheteuses d’huile de palme durable, le WWF assure avoir déclenché une hausse marquante de la demande. Trois entreprises suisses apparaissent dans ce classement: Migros et Coop font bonne figure en apparaissant en 3e et respectivement 10e position, tandis que Nestlé ne décroche que la 27e place.
Les progrès réalisés par la RSPO n’empêchent pas Greenpeace de se montrer critique: «Les critères de la RSPO, s’ils étaient appliqués de façon complète et conséquente, seraient certes un pas dans la bonne direction. Malheureusement, beaucoup de producteurs d’huile de palme abusent de la RSPO dans le seul but de se donner une image écologique», déclare l’organisation de protection de l’environnement. Cette dernière regrette que les membres ne soient pas obligés d’obtenir la certification pour leurs plantations, que les normes de la RSPO ne soient pas assez sévères et que les mécanismes de contrôle «sérieux et indépendants» fassent défaut.
Sanctions possibles
«Pour les nouvelles plantations, les membres doivent adhérer à certaines directives, sous peine de sanctions. Ils risquent ainsi la suspension de leurs certificats, des paiements compensatoires ou une expulsion de la RSPO», rétorque le WWF. De plus, l’association estime que les critères de la Table ronde sont satisfaisants et largement préférables au statu quo. Quant aux compagnies d’audit, accréditées par la RSPO, elles peuvent être récusées si nécessaire.
Le WWF convient pourtant d’une inquiétude: certains des plus grands producteurs d’huile de palme, qui n’ont certifié qu’une part minime de leurs plantations, possèdent des terrains difficiles à accéder et à contrôler. Dans cette optique, l’action de Greenpeace ou d’autres ONG est considérée comme positive: elle permet d’augmenter la pression sur les producteurs.
Frank-Olivier Baechler