Cette année n’aura pas ménagé notre pouvoir d’achat. Après les hausses de tarifs des énergies et de l’alimentation, l’augmentation massive des primes de l’assurance-maladie porte un nouveau coup au porte-monnaie des consommateurs.

On nous avait prévenu? Bien sûr. Mais cette vilaine habitude de nous préparer aux mauvaises nouvelles ne saurait, à elle seule, les justifier. Ni alléger la réalité. Notre système de santé souffre d’une maladie chronique. Et tous les acteurs de la branche regardent ailleurs. Sauf les consommateurs. Eux paient l’addition d’un système qui n’en a plus que le nom. Car qui dit système dit coordination, communication, structure, transparence et régulation. Des mots dont le sens s’est perdu dans un mécanisme d’une complexité qui, sans surprise, pèse lourdement sur ceux qui se trouvent au bout de la chaîne: les assurés.

Du côté des assureurs, on concocte des centaines de produits différents, qu’il faut multiplier par des milliers de modèles de primes. L’Office fédéral de la santé publique, chargé de contrôler les tarifs appliqués par les Caisses et d’éviter, en principe, la constitution de réserves excessives, se retrouve dans l’impossibilité d’effectuer un travail de fond. Noyé et sous-doté.

Pour corser l’affaire, les assureurs jouent de leurs réserves, des frais administratifs et d’estimations de recettes et de dépenses pour fixer les primes avec une généreuse marge de manœuvre.

Dans les hôpitaux, on se jette sur le tout-jetable pendant que les fournisseurs, dont les Caisses sont chargées de vérifier l’économicité, viennent achalander les réserves de matériel en sous-sol. Dans les cantons, on pousse les malades vers l’ambulatoire pour éviter les frais en milieu hospitalier.

Aucun des étages de cet invraisemblable édifice n’a intérêt à ce que les coûts baissent. On a transformé le patient en patchwork, le mandat social en cadre économique, l’assureur en trader, le système en usine à gaz.

Impossible, dans cette situation, de trouver des parades aux hausses des coûts, au volume des prestations, aux réserves qui gonflent, aux primes qui explosent. En soignant la maladie plutôt que le malade, notre «système» s’est égaré. Il a aussi mis un nombre croissant d’assurés, souvent les plus modestes, avec des franchises à 2500 francs, dans l’impossibilité d’accéder à des soins nécessaires.

Et ce ne sont pas les fameuses réductions de primes promises aux revenus modestes, brandies comme baguette magique contre la caisse unique, qui soulageront les ménages (lire ici). La complexité de leur octroi est souvent dissuasive.

Il faut pourtant s’accrocher, faire valoir ses droits et changer de caisse si nécessaire (lire ici). Vous trouverez dans ce numéro toutes les informations pour vous y aider.

Pierre-Yves Muller

Rédacteur en chef